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Les éleveurs néoaquitains en première ligne pour lutter contre le changement climatique

Publié le: 29-05-2019

Environnement Un programme de recherche et développement sur trois ans sera lancé lors du salon de l'agriculture de Nouvelle-Aquitaine, le 3 juin à Bordeaux. Le but : mesurer l'impact de l'élevage régional et proposer des solutions concrètes aux éleveurs pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

Non, l'élevage n'est pas forcément une usine à gaz à effet de serre. Pour le prouver, vingt-quatre organisations professionnelles agricoles de la filière viande bovine régionale lancent au salon Aquitanima, à Bordeaux, le 3 juin, une démarche bas carbone volontariste de grande ampleur auprès de 700 éleveurs des douze départements : « Beef carbon ».
Un programme de recherche pour tester et appliquer de manière concrète les « actions à mettre en place pour contribuer à la lutte contre le changement climatique à l’échelle d’une grande région tout en améliorant les performances économiques des exploitations. » expliquent l'Institut de l'élevage (Idele) et Interbev Nouvelle-Aquitaine, à l'origine du projet dans la région.

Programme régional
« Sa mise en place s’appuie sur une évaluation de masse de l’empreinte carbone d’un échantillon de 600 exploitations productrices de viande bovine et d’un réseau de 100 fermes pilotes à faible impact carbone. Cette évaluation quantitative et qualitative en élevage sera complétée par une analyse prospective sur les mécanismes de valorisation carbone adaptée aux potentialités de la région.
L’état initial du niveau d’émissions de gaz à effet de serre des élevages déterminera le potentiel de réduction à atteindre et la stratégie à mettre en place pour atteindre cet objectif. Toutes les solutions seront testées et approuvées dans les conditions d’élevage locales avec les contraintes pédo‐climatiques de la Région. 
»
Ce programme s'étend sur trois ans et « réunit l’ensemble des entreprises de conseil en élevage de la région : Contrôle de performance, Chambres d’agriculture et Organisations de producteurs. Il fera le lien avec le projet Life beef carbon porté à l’échelle européenne et les projets de Nouvelle Aquitaine sur la transition agricole et écologique. » Il est financé - avec un budget de 500 000 euros - par la Région Nouvelle‐Aquitaine, l’ADEME et le Feader dans le cadre de l’appel à projet « PEI‐AGRI » (projet européen pour l'innovation agricole).

La situation actuelle
Le projet Beef carbon est un partenariat européen initié en 2015 par la France, l'Irlande, l'Italie et l'Espagne pour développer une stratégie « bas carbone » dans la filière bovine. L'objectif étant de réduire de 15 % en dix ans l'empreinte carbone de la viande bovine… soit une économie de 120 000 tonnes de CO2. Pour mémoire, l'agriculture produit 19 % des gaz à effet de serres totaux. Selon les chercheurs de l'INRA, « la contribution de l’élevage au réchauffement climatique est non négligeable (18 %). L’élevage des ruminants en mode extensif présente toutefois la particularité de compenser en partie les émissions de gaz à effet de serre grâce au stockage de carbone associé aux prairies et aux infrastructures agro-écologiques (haies, bosquets). »
Déjà, certains acteurs de la filière utilisent leur bilan carbone comme argument commercial. C'est le cas de la coopérative laitière Even (Ploudaniel, Finistère), premier actionnaire du groupe industriel Laïta (1,5 milliard de litres de lait collectés dans 3 070 exploitations d’Even Triskalia et Terrena). L’empreinte carbone de l’ensemble des 734 exploitations adhérentes d’Even (essentiellement les émissions de gaz à effet de serre), des points de collecte de 580 000 litres de lait avec 70-75 vaches en moyenne, a été mesurée ces derniers mois. Il en ressort qu’elles « émettent 0,86 kilo d’équivalent carbone par litre de lait là où la moyenne française est supérieure à 1 », indiquait son directeur général, Christian Couilleau, lors d'une conférence presse en avril.