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La FNAB veut revoir les évaluations qui préconisent l'interdiction

Publié le: 15-05-2018

Cuivre La FNAB a demandé une réévaluation et un accompagnement avant une interdiction du cuivre au niveau européen. La Commission européenne va soumettre une «  une proposition de ré-approbation du cuivre pour 2019 », le 25 mai.

La FNAB (agriculteurs bio) demande au gouvernement une attitude « cohérente » dans sa position à faire valoir à Bruxelles fin mai sur la ré-approbation du cuivre pour 2019. Dans un communiqué publié le 14 mai, la FNAB demande au gouvernement de « soutenir l'agriculture biologique comme la meilleure alternative aux produits chimiques de synthèse». La FNAB demande par ailleurs «une réévaluation de la méthodologie sur laquelle s'appuie l'agence de santé européenne (Efsa) pour analyser l'impact environnemental du cuivre», estimant que «la méthodologie actuelle a été conçue pour les produits issus de la chimie de synthèse, pas pour les éléments minéraux métalliques». La Commission européenne soumettra aux États membres une proposition de ré-approbation du cuivre pour 2019 le 25 mai. Une nouvelle baisse des doses autorisées sera débattue, craint la FNAB. Pourtant, « en 40 ans les viticulteurs bio ont divisé par cinq les doses de cuivre utilisées sans visibilité sur l'avenir de ce produit ni débat réel sur les impacts », a souligné Jacques Carroget, secrétaire national de la FNAB et viticulteur en Pays de la Loire. « Nous avons proposé la mise en place d’un réseau de surveillance participatif et citoyen pour analyser les impacts des usages actuels du cuivre sur l’environnement. On nous répond que toutes les données sont là, c’est un dialogue de sourd » ajoute Sylvie Dulong, viticultrice bio en Nouvelle-Aquitaine et secrétaire nationale viticulture pour le réseau FNAB.

Position du Gouvernement
Le Gouvernement a présenté son « plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides » le 25 avril. Pour autant, il ne s'est pas encore positionné sur la problématique du cuivre. D’ici quelques jours le gouvernement français annoncera la position qu’il défendra auprès de la Commission Européenne. La FNAB attend avec inquiétude cette annonce. « Le réseau FNAB ne comprendrait pas que le gouvernement français soutienne une réduction des usages du cuivre dans l’état actuel des données disponibles, sans aucun plan d’action en face. Nous demandons qu’une étude de toxicité comparée soit entreprise entre le cuivre et les produits qu’il vient remplacer lors de la conversion en agriculture biologique » demande Sylvie Dulong.
« La protection de l’environnement est la clé de voûte de nos métiers, réduire au maximum la dépendance à toute forme d’intrants, même naturels, est notre leitmotiv. La seule bonne façon de baisser les usages du cuivre c’est d’accompagner les producteurs et productrices dans l’amélioration des pratiques et d’investir dans la recherche avant de durcir la réglementation » conclut Jacques Carroget.

Et ailleurs
Le cuivre est utilisé, en agriculture biologique (AB) et en agriculture conventionnelle (AC), contre diverses maladies fongiques mais aussi bactériennes, en particulier sur vigne, productions fruitières et cultures légumières. Il constitue la seule matière active à effet fongicide fort et gamme d’action large homologuée en AB. Or la mise en évidence d'effets environnementaux négatifs du cuivre (sur les organismes du sol et les auxiliaires des cultures, notamment) a conduit à des restrictions réglementaires d'usage (plafonnement des doses applicables par ha et par an), et même à son interdiction comme pesticide dans certains pays européens (Pays-Bas, Danemark).

Plus de recherche
Les restrictions règlementaires croissantes de l'usage du cuivre - liées à ses effets environnementaux - ont conduit l’Institut technique de l’agriculture biologique (ITAB) et l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) à commanditer une expertise scientifique collective sur les solutions techniques possibles pour remplacer le cuivre mais aussi leur intégration au sein de systèmes de production et protection intégrée. Les résultats ont été présentés lors d’un colloque de restitution qui s’est tenu, le 16 janvier, à Paris. Il en ressort qu'il n'existe pour l'instant, pas d'alternative solide au cuivre pour la vigne. « Dans l’immédiat, c’est la réduction des doses de cuivre employées qui serait le principal levier. » soulignait l'INRA qui proposait « de renforcer les recherches et expérimentations, avec ses partenaires et en particulier les instituts techniques, sur les alternatives au cuivre pour la protection des pommes de terre, pommiers et vignes ».