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Éleveur

30 novembre -0001

En Gironde les éleveurs de pigeons de chair se comptent sur les doigts d’une seule main. Jean-Christophe Duleau de Brannens est l’un de ceux là. Pourtant au début, rien ne laissait à penser qu’un jour, cet ouvrier métallurgiste se reconvertirait dans l’élevage. Quoique…

Pourquoi pas moi ?
Dans la famille Duleau, l’élevage de pigeon, pour la consommation familiale, a toujours été à l’ordre du jour. Chez ses grandsparents le volatile a toujours eu sa place dans les séchoirs à tabac. Puis chez les parents. Jeune déjà, Jean-Christophe a monté un petit élevage «J’avais quelques couples (1) mais à 40 euros par couple, il fallait de l’argent». Pendant douze ans, Jean-Christophe travaille dans un atelier de charpentes métalliques. Pendant toutes ces années, il ne perd pas l’élevage de pigeon de vue. Jusqu’au jour où, dans le journal local, il repère une information annonçant la vente d’un élevage de pigeons dans le Gers. Mais par-dessus tout, l’information la plus essentielle est que cet éleveur vit exclusivement de sa production. «Si c’est possible pour lui, pourquoi pas moi ? Je réalise alors que l’on peut en faire son métier». Avec des copains et son beau père Jean- Christophe construit un, puis deux bâtiments. L’élevage passe de 20 à 400 couples. Jean-Christophe est toujours pluri-actif. Ouvrier et éleveur.

Tout étudié, tout calculé
En 2003, la rencontre avec André Lapique, conseiller agricole à l’ADAR de Langon, sera déterminante. «Mon cousin m’a parlé de l’ADAR et de l’aide qu’elle pourrait m’apporter pour concevoir un élevage. J’ai donc pris rendez-vous. Avec Monsieur Lapique, l’élevage du pigeon comme activité agricole principale a été sérieusement abordée. Ensemble, nous avons tout étudié, tout calculé de la production à la vente. Et je me suis installé!».
Fini le travail dans la construction de charpentes métalliques. 2003 est aussi l’année de son mariage. «Quand mes beaux parents ont su que j’arrêtais mon travail comme salarié je crois qu’ils ont été un peu inquiets…» Petit à petit, la professionnalisation se met en marche et en 2011, Jean-Christophe décide de développer sa production en doublant sa surface en volières. Cette fois, Michel Aimé technicien au service élevage de la Chambre d’agriculture est mis à contribution. Un dossier AREAPMBE (bio-sécurité) est monté. Un gros dossier administratif «Tout seul et sans ses encouragements, je n’y serai jamais arrivé». Jean- Christophe investit aussi dans un petit atelier d’abattage et une chambre froide. Désormais, les animaux sont vendus abattus. Pour cela, un jour par semaine, deux salariés à temps partiel et deux salariés du service de remplacement viennent prêter main forte pour l’abattage et le conditionnement de 150 à 200 pigeonneaux. L’élevage a aujourd’hui une capacité d’environ 1 800 couples, mais ce maximum n’est jamais totalement opérationnel avec le renouvellement des couples.

Un maximum d’efficacité
Pour la vente, le bouche à oreille est efficace. «En Gironde, il y a peu d’élevages de pigeons de chair et la demande est constante» explique Jean Christophe même s’il reconnaît qu’aujourd’hui «le commerce est compliqué. Et si les acheteurs restent fidèles, globalement chacun d’eux prend des quantités moindre». Un quart de la production est commercialisée via un grossiste au marché des Capucins à Bordeaux, le reste est destiné aux restaurateurs, bouchers, volaillers…ainsi qu’à quatre supermarchés de proximité. Jean-Christophe est aussi bricoleur. L’alimentation -60 kilos par couple et par an - constituée pour 80 % de maïs et 20 % d’aliment complémentaire - est distribuée automatiquement chaque mois dans les trémies à l’aide d’un astucieux mécanisme installé sur le tracteur. Les fientes sont ramassées mécaniquement puis étendues sur les terres avoisinantes. Ici, tout est étudié pour permet t re un maximum d’efficacité.

Et demain ? Jean-Christophe se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Il voudrait profiter des six hectares de terre de son père pour assurer lui-même une partie de la production de maïs. Un autre challenge est en marche.

Geneviève Marcusse-Artigue