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Retraites : les candidats à la présidentielle appelés à faire mieux

Publié le: 03-03-2022

Social Après les chefs d'exploitation en novembre dernier, les montants des retraites des conjoints à carrière complète ont été revalorisés à 85 % du SMIC au 1er janvier. À l’approche des élections présidentielles, Hélène Blaud, présidente de la section nationale des anciens exploitants de la FNSEA et Jacques Bougnaud, président de la section régionale Nouvelle-Aquitaine font le point sur ce qui reste à faire.

Où en est-on de la revalorisation des retraites aujourd’hui ?
Hélène Blaud :
Nous avons enfin obtenu la revalorisation de nos retraites à 85 % du SMIC. Après 17 années de lutte, nous avons enfin eu gain de cause. Nous saluons aussi les avancées obtenues pour les conjoints. Toutefois, il y a encore de sérieux trous dans la raquette ! Ainsi, les chefs d’exploitation qui ont dû cesser leur activité pour cause de handicap n’ont pas de carrière complète et ne peuvent prétendre aux 85 %. C'est injuste, car ce n'est pas de leur fait.
Jacques Bougnaud : Nous attendions cette revalorisation qui avait été accordée aux salariés il y a près de 20 ans et nous nous en félicitons mais beaucoup reste à faire. Ainsi cette revalorisation permet de « rattraper » les petites retraites mais celles qui sont un peu supérieures ne progresseront pas proportionnellement, il faudra y remédier
H. B. : De la même manière, cette revalorisation à 85 % du SMIC s'effectue sur le montant du SMIC actuel et ne tiendra pas compte de son évolution à venir. Nous souhaitons que cela soit relié.

Quelles sont les autres problèmes et inégalités que vous relevez ?
J. B. :
Depuis très longtemps, nous demandons la prise en compte des vingt-cinq meilleures années pour le calcul des retraites, comme pour les autres secteurs d’activité. Aujourd'hui plus que jamais, les revenus agricoles sont en dents de scie. Si on fait le calcul sur une carrière complète, nous sommes perdants. D'autre part, les couples qui ont eu trois enfants obtiennent une bonification pour leur retraite, mais elle n'est pas très équitable car elle est calculée en pourcentage, nous préférerions un montant forfaitaire. Pour les veufs, Nous demandons un calcul plus juste et réclamons le retour de la demi part fiscale supplémentaire.
H. B. : En effet, aujourd’hui un veuf ou une veuve dont la retraite est à 713 euros voit sa pension de reversion écrêtée pour que le total de sa retraite ne puisse dépasser 916,78 euros au maximum. Ce plafonnement est injuste. Rappelons que le seuil de pauvreté est fixé à 1 102 euros en 2022, pour une personne seule… Toutes ces demandes sont reprises dans une motion en cours de rédaction. Nous souhaitons interpeller les candidats à la présidentielle sur les retraites mais aussi sur la dépendance. On nous promet une grande loi sur le sujet mais toujours rien… Or il faut améliorer la prise en charge existante et ce pour toute la population.

Abordez-vous d’autres sujets dans cette motion ?
H. B. :
Ce n'est pas une nouveauté, nous manquons de médecins en milieu rural. C'est une réalité qui est ressenti comme un abandon par les personnes âgées. Et on ne pourra résoudre le problème tant que les médecins seront complètement libres de s'établir où ils le souhaitent. Le « tout numérique » nous cause également beaucoup de préoccupation. Le 0 papier est impossible pour les personnes âgées en milieu rural.
J. B. : Il faut être lucides, les personnes très âgées ne peuvent s'équiper et se mettre au numérique. Elles sont donc obligées de faire appel à des prestataires payants pour leurs démarches alors même que leurs retraites sont minimes…
H. B. : Compte-tenu de la proportion des plus de 65 ans dans la population, proportion qui va croissant, il faut s’interroger. On ne peut laisser tout le monde sur le bord de la route. Nous ne pouvons accepter un monde qui éjecte celui qui ne peut pas suivre.
Propos recueillis par Pascale Dumont