Girondins de Bordeaux : le monde du vin à la rescousse ?

Football En difficulté sportive et financière, le club des Girondins de Bordeaux a été placé sous la protection du Tribunal de Commerce. Un mandataire « ad hoc » doit aider le club apurer ses dettes et à trouver un repreneur. Le monde du vin girondin a réagit, suite à la lettre ouverte de François Pinault.

Le monde du vin est en difficulté, mais il n’est pas le seul. Et quand on représente l’image d’une région, l’union peut, parfois, faire la force. C’est qu’a prouvé l’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB) lors de sa présentation à la presse de la campagne des primeurs. En effet, le mardi 27 avril, depuis Paris et en visioconférence, un autre sujet brûlait les lèvres des journalistes : « la viticulture bordelaise peut-elle participer au sauvetage des Girondins ? ». Une question d’actualité après la révélation d’une lettre ouverte rédigée par François Pinault (propriétaire du Château Latour, premier grand cru classé de Pauillac, en Gironde, et du club de Rennes en Ligue 1), appelant les vins de Bordeaux à se mobiliser pour venir en aide au club étendard du football régional, érigé au rang de patrimoine en péril.
Interpellé, Ronan Laborde, le président de l’UGCB, a donc rappelé que « les Girondins de Bordeaux participent à l’image et au patrimoine de notre région. L’appel de François Pinault date d’hier… il est presque fanatique en ce qui concerne le football. Nous ferons dans la mesure de nos moyens. Mais il ne s’agit pas d’être romantiques mais pragmatiques. Les enjeux sont colossaux. Les grands crus se sont déjà mobilisés par le passé pour le club. Nous ne sommes pas certains de pouvoir sauver les Girondins à nous seuls. Mais nous espérons que d’autres actions pourront l’aider. » Une position d’écoute et d’attente bien compréhensible vu les sommes en jeu dans le football professionnel, alors que l’on évoque près de 80 millions d’euros de dettes pour le club girondin, géré par des propriétaires américains (GACP et King Street) depuis trois ans et la reprise du club à M6.

Interconnection
Pour autant la prise de position forte de François Pinault, relayée depuis par Bernard Magrez et d’autres acteurs locaux du monde du vin, n’en reste pas moins sincère. La viticulture n'a jamais été éloignée du monde sportif girondin et principalement du football et du rugby (UBB Grands Crus). Acteur de la renaissance des Girondins en 1991/92, lors de la rétrogradation administrative en division 2, le vin fut ensuite représenté par Jean-Louis Triaud, l'emblématique Président du club, viticulteur lui-même dans le Médoc (Château Gloria). On se souvient également de l’opération de la tribune des vignerons en 2017 au Matmut Atlantique ou d’un maillot spécialement dédié au vin, « nommé Grand Cru », orné de feuilles de vignes, porté par les joueurs lors de la saison 2014/2015 et présenté au Domaine de Chevalier à Léognan. Enfin, le viticulteur Jean-Charles Cazes, directeur notamment du domaine Lynch Bages à Pauillac, est devenu membre du Conseil d’Administration du club depuis février 2020.
Les grands crus aideront-ils le club dans la passe difficile qu’il traverse ? La question reste malgré tout pour l’instant en suspens. L’équipe devra d’abord se battre sportivement pour sauver sa place dans l’élite puis le club devra trouver un repreneur solide. Parmi les nombreux dossiers qui ne manqueront pas d’arriver sur le bureau du mandataire du Tribunal de Commerce, certains, portés des investisseurs locaux, amoureux du club et conscients de la portée du nom Bordeaux à l’international avec les aspects business que cela peut comporter, ne diraient certainement pas non à une implication financière du monde du vin…