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Prix du vin : une vraie volonté de… discuter

Publié le: 09-04-2024

Filière Le 8 avril, les différentes composantes de la filière vin, de l’amont à l’aval, se sont retrouvées autour d’une table, au CIVB à Bordeaux, en présence du préfet et des représentants de la grande distribution. Une réunion pour essayer de trouver une issue commerciale qui tire tout le monde vers le haut.

C’est sous un ciel chargé que les représentants des différentes composantes de la filière vin girondine se sont retrouvées autour de la table, au premier étage du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), à Bordeaux. Durant un peu plus de deux heures, représentants des viticulteurs, syndicalistes, négociants, courtiers, coopération et grande distribution, ont discuté. « Et alors ? » diront les sceptiques… Et alors, « la réunion a rappelé la nécessité de se parler de manière calme et responsable. » pour le préfet, Etienne Guyot. Ce qui est déjà un grand pas. Pour Allan Sichel, le président du CIVB, « lors de cette réunion très très attendue, on a senti, aussi, une attente de la part de la grande distribution. La réunion s’est bien déroulée avec beaucoup d’écoute, beaucoup d’entente et beaucoup de compréhension. » Un premier pas, donc, qui, même s’il peut sembler minuscule, était essentiel pour parvenir à sortir la filière du marasme, au-delà des mesures déjà menées (distillation, arrachage, diversification) et d’une faible récolte 2023 qui ne suffisent pourtant pas à une amélioration des cours du vin. Le président du CIVB se félicitait tout de même de « la prise en compte par tous du fait qu’il est indigne qu’un chef d’entreprise ne puisse pas vivre de son travail. Il faut tout construire pour arriver à offrir un revenu décent aux viticulteurs. »

Promotion et contrat de filière

Pour y parvenir, tous les acteurs sont donc prêts à discuter et à travailler ensemble. « Même si on résoudra pas toutes les difficultés d’un coup de baguette magique. » indiquait Allan Sichel. Parmi les outils à utiliser, le président du CIVB a pointé le changement d’orientation des animations en grandes surfaces pour « un rayon vin dominé par la dimension prix. » Et de proposer « d’y apporter une dimension complémentaire, plus enrichissante : les valeurs du vin, la connaissance du vin, la découverte, l’humanisation, le lien avec les viticulteurs. » Avant de citer « la grande tournée » avec des viticulteurs promouvant les vins de Bordeaux dans quelques 1 700 points de vente en 2024 : une réussite que le CIVB veut encore développer. Il s’agit de moderniser l’image des vins de Bordeaux, séduire les jeunes et assurer le relai avec la grande distribution pour obtenir des résultats.

Reste que tout cela ne sera pas rapide. « Il faut privilégier une approche réaliste. » indiquait Allan Sichel avant de dire « il n’y aura pas de changement dans les 4 à 5 prochains mois sur les choses qui sont déjà engagées par la distribution. » Mais, tous sont d’accord pour travailler ensemble à la mise en place d’indicateurs reconnus par tous et étayés par la loi « pour garantir un prix rémunérateur. » La réunion a donc débouché sur la constitution d’un groupe de travail pour construire ces indicateurs et un contrat de filière. Éléments qui seront ensuite transmis par le préfet au gouvernement pour les intégrer dans une nouvelle version de la loi EGAlim. Bernard Farges, vice-président du CIVB et président du CNIV (comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique), indiquait que d’autres interprofessions réfléchissaient aussi à ce sujet et que changer la loi ne pouvait pas se faire qu’à Bordeaux.

Un travail de longue haleine, donc, qui prépare l’avenir mais, sans surprise, n’apporte pas de solution-miracle à court terme.

Myriam Robert