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Loi d’orientation agricole : les régions ont la parole

Publié le: 21-02-2023

Prospective Le ministre de l’agriculture a donné une page blanche au terrain pour « co-construire » la nouvelle loi d’orientation agricole. Au programme : environnement, installation et souveraineté alimentaire.

L’amphithéâtre de Bordeaux Sciences Agro, à Gradignan (33) était plein, le lundi 20 février. Élus, représentants d’organisations professionnelles agricoles, étudiants, syndicalistes, représentants de la société civile étaient là pour préparer l’agriculture de demain. Pas moins ! Luc Servan, président de la chambre régionale d’agriculture, Jean-Pierre Raynaud, vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine en charge de l’agriculture et Philippe de Guénin, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt de la région Nouvelle-Aquitaine ont posé le cadre d’une réflexion commune qui devrait aboutir, le 26 avril, à des propositions concrètes à soumettre à Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture. « Le ministre s’est engagé à bâtir une loi d’orientation agricole (LOA) de long terme pour adapter le corpus législatif aux grands changements prévisibles comme le changement climatique ou le changement démographique. Dans les dix ans, nous parviendrons à la fin d’un cycle. » indiquait, en préambule, Philippe de Guénin.

Tourner la page
C’est donc pour tourner la page du modèle de l’immédiate après-seconde guerre mondiale, inadapté au monde actuel, que le ministre sollicite agriculteurs et société civile. « pour que la LOA tienne compte de ce que pensent les gens. Il attend que vous lui disiez ce qu’il faut faire. » soulignait Philippe de Guénin. Et d’alerter « c’est une proposition de loi, pas un annuaire de revendications des uns et des autres. » Un écueil à bien prendre en compte lorsqu’on met autour de la table syndicalistes agricoles d’obédiences différentes, associations environnementales, consommateurs et élus - tous invités via la commission régionale de l’économie agricole et du monde rural (COREAMR) -. Les interventions des présents ont largement montré ces différences. Comme le périgourdin Clément Courteix, vice-président de JA Nouvelle-Aquitaine, qui voudrait - à l’instar de son homologue de la FNSEA - « baser les débats sur du factuel. Sur ce qui est possible et ce qu’on peut obtenir. Ça reste national, on peut y amener des choses qu’on fait déjà en Nouvelle-Aquitaine ». Ou le député MODEM de la Vienne, Pascal Lecamp, qui rêve d’un « fond d’investissement pour donner la possibilité aux personnes qui ont les compétences de reprendre une exploitation » via un « fermage de long terme avec le paiement d’un loyer sur 25 ans avant d’être propriétaire de l’exploitation. ». Bernard Layre, président de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et animateur du groupe de travail « adaptation et transition face au changement climatique » insistait sur l’ampleur de la tache : « C’est tellement large que ça paraît présomptueux ! La révolution technologique n’est pas encore arrivée. Nous allons travailler pour voir comment l’amener et l’apporter aux agriculteurs. »
Fabien Thomas, du syndicat FSU et représentant de l’enseignement agricole voulait, lui, « poser la question du rôle de l’enseignement agricole sur les territoires » et appelait de ses vœux des « assises de la formation agricole ». « Des sujets ouverts que nous pourrons aborder à d’autres moments » résumait Luc Servan. « L’idée, ici, est vraiment de faire des propositions qui se traduiront par des textes législatifs. » les trois groupes (Orientation et la formation, Installation et la transmission, Adaptation et la transition face au changement climatique) auront deux journées de discussions avant de rendre copie. Tout le monde peut contribuer à la réflexion via une fiche écrite à rendre aux organisateurs… le pacte agricole de demain est en train de s’écrire aujourd’hui.