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Les écologistes sont-ils bien informés ?

Publié le: 03-09-2020

Phytosanitaires Invité de l’émission « Les quatre vérités » le jeudi 21 août sur France 2, le secrétaire national Europe-Écologie Les Verts (EELV) et conseiller régional Ile-de-France, Julien Bayou, a ouvertement accusé la FNSEA et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) de bloquer les solutions alternatives au glyphosate. Mésinformation ? Désinformation ?

Élu depuis moins d’un an à la tête du parti Europe-Ecologie Les Verts (EELV), Julien Bayou a un besoin effréné d’exister et de surfer sur la vague écolo, surtout après les élections municipales qui ont vu son mouvement et ses alliés préserver ou conquérir plus d’une quinzaine de villes dont cinq majeures : Marseille, Grenoble, Lyon, Bordeaux et Strasbourg. Il a aussi besoin de faire entendre sa voix pour des raisons de lutte interne au sein de son parti. Dans le programme agropolitique d’EELV, il y a notamment la lutte contre les néonicotinoïdes, la suppression de la chasse, le bien-être animal sur fond de véganisme, l’avènement d’une agriculture répondant à ses propres canons écologiques et le dossier sensible du glyphosate.
Invité de France 2, le 21 août, Julien Bayou répondait aux questions du journaliste, Thierry Curtet. Abordant le thème du glyphosate, le journaliste lui a demandé : « le monde agricole sera prêt dans un an ? », Julien Bayou a répondu : « Le problème en fait, c’est qu’on dit, dans trois ans et il ne se passe rien, puis au bout de trois ans, vous avez certains syndicats qui disent ‘on ne peut rien faire’. Moi je constate qu’il y a deux entreprises françaises […] Osmobio et Jade […] qui proposent des désherbants naturels et qui attendent toujours leur agrément par l’ANSES. Il y a des alternatives qui existent […] Mais c’est bloqué parce qu’il y a une vraie pression, notamment des plus gros exploitants et de la FNSEA, pour continuer à utiliser le glyphosate ».

L'usage désherbage biologique n'existe pas
S’en sont suivis quelques piques de la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, envers l’intéressé, sur les réseaux sociaux. La première a indiqué au second que ses propos s’apparentaient à des « mensonges » et de la « calomnie », insistant sur le fait que l’entreprise Jardinerie Agriculture DEveloppement (JADE) a « reçu quatre homologations » et qu’Osmobio « n’a pas déposé de demande pour son produit ». En effet, l’entreprise JADE, basée à Bordeaux (Gironde), a mis au point quatre produits dont trois utilisables par les professionnels (lire ci-après). Parmi eux, le Beloukha®, un produit de biocontrôle pour la maîtrise des adventices, le défanage et la dessiccation en agriculture. Ce produit est homologué par l’ANSES depuis janvier 2015. Réalisé à base d'acide pélargonique d'origine végétale, il est utilisable en agriculture et en espace vert pour les professionnels, ainsi que chez les particuliers. Cependant, il ne peut pas être utilisé en agriculture biologique car l'usage « désherbage biologique » n'existe pas.

« Aucune pression » 
Pour ce qui est d’Osmobio, entreprise basée à Loudéac (Côtes d’Armor), un dépôt de brevet a été effectué dans plusieurs pays, le premier en France en 2013 et le dernier au Canada en juillet 2020, mais ce dépôt n’a rien à voir avec la délivrance d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) que seule l’ANSES peut délivrer. Osmobio a confirmé qu’un dossier avait été déposé en avril 2014 auprès de cette agence, pour un produit de biocontrôle mais ce dossier s’est révélé incomplet. De plus, il ne répond toujours pas aux exigences d’évaluation des risques pour l’utilisateur et l’environnement comme attendue par l’ANSES que ce soit pour des produits phytos « chimiques » ou des produits de biocontrôle. En effet, le fait d’utiliser des substances naturelles n’est pas sans danger, certaines pouvant présenter des toxicités élevées et un risque pour la santé et pour l’environnement. Selon Jacques Le Verger, directeur général d’Osmobio, « il n’y a aucun frein de l’ANSES et personne ne nous met la pression ». Même si le produit d’Osmobio était homologué par l’ANSES (ce qui pourrait être le cas en 2021) et obtenait l’AMM, celle-ci ne vaudrait pas pour l’agriculture. En effet, il faudrait auparavant qu’Osmobio réalise des essais en plein champ.