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Le niet de la filière aux

30 novembre -0001

«Nous ne sommes pas contre le libre-échange, mais pas à n’importe quel prix», a martelé Dominique Langlois, le président de l’interprofession bétail et viandes (Interbev), en plein coeur des négociations commerciales qui se tiennent actuellement avec les Etats- Unis. Ce qu’exige la filière est que «les mêmes critères de réciprocité sur les normes et les conditions de production» soient imposés de part et d’autre de l’Atlantique et que «il y ait plus de transparence dans la feuille de route» des négociateurs européens. C’est là que le bât blesse. Au Canada, dont les négociations viennent de se terminer, comme aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, «la production ne répond pas aux normes européennes» en matière de traçabilité ainsi que sur le plan environnemental, sanitaire et de bien être animal. La Commission a beau rassurer qu’elle sera ferme sur les traitements des animaux aux hormones, Dominique Langlois y voit de la poudre au yeux, «un engagement illusoire, aucun système de contrôle n’est prévu aux Etats-Unis» observe-t-il. Quant au respect de l’environnement et de la bientraitance des animaux, «ils ne sont pas dans la négociation » précise Jean-Pierre Fleury, le président de la Fédération nationale bovine (FNB).

Variable d’ajustement
Après les 65 000 tonnes de contingents négociés avec le Canada, l’enjeu porte sur l’importation de 300 à 600 000 tonnes supplémentaires à droits nuls de morceaux nobles qui viendront concurrencer directement la production européenne. Soit 7 à 8 % de la consommation. La France est en première ligne, estime le président de la FNB, en raison de l’importance du troupeau allaitant dans l’approvisionnement de la filière française. «La Commission européenne ne considère pas la viande bovine comme une production d’avenir»,déplore Dominique Langlois. Ce qui l’incite à considérer comme «une variable d’ajustement» dans les négociations internationales. Et ce d’autant plus qu’en raison des contraintes qui sont imposées à la production européenne, «le combat de la compétitivité est perdu d’avance». L’Europe ne sera jamais en mesure de concurrencer la viande importée.
La filière estime, en effet, à 30 % l’écart de coût de production entre la France et les Etats- Unis. Au bout du compte, c’est le producteur qui sera pénalisé qui n’aura d’autre choix que de renoncer à produire et à s’orienter vers les céréales, au risque de «végétaliser» la France, selon les propres termes de Jean-Pierre Fleury. Comme le consommateur se verra imposer dans son assiette une viande qu’il ne veut pas. Selon un sondage réalisé par Opinion Way, ils sont 74 % à rejeter l’idée d’importer des viandes bovines produites selon les normes de la production américaine, et 82 % à celle d’introduire des antibiotiques dans l’alimentation des animaux. Ce combat est soutenu par la boucherie artisanale. «Il est celui de la bonne viande», sans antibiotiques, sans hormones et dans le respect du bien-être animal, assure Christian Le Lann, le président de la Confédération française de la boucherie.