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La FNPL toujours inquiète du prix du lait

Publié le: 06-09-2018

Filière L’organisation des producteurs de lait est préoccupée par la chute des prix, tandis que la sécheresse risque de peser durement sur les coûts de production des éleveurs. L’esprit des EGA semble parfois loin, alors que la loi qui en est issue va retrouver le chemin de l’Assemblée.

La Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL) a tenu sa conférence de presse de rentrée le 4 septembre. L’été écoulé n’a pas redonné le moral aux producteurs de lait qui ont toujours du mal à sortir la tête de l’eau. « Le contexte climatique a empiré la situation, par rapport à la lecture que les éleveurs font de leurs revenus », déplore Thierry Roquefeuil, le président de la FNPL. Si les sécheresses n’ont rien d’exceptionnel, c’est la densité et l’expansion de ces problèmes, sur tout le territoire, qui inquiète les éleveurs. Pour le moment, il n’y a pas d’impact visible sur la production laitière, car les éleveurs ont puisé dans leur stock de fourrage pour l’hiver, mais la FNPL craint que la production ne soit impactée dans les mois à venir. Outre l’épuisement des stocks, les éleveurs s’inquiètent aussi de la hausse des prix des fourrages, notamment de la paille et de la luzerne, qui font augmenter les coûts de production. « On s’aperçoit des changements climatiques et de l’impact qu’il va avoir, mais on a l’impression d’être les seuls à prendre conscience de la situation économique que cela va induire pour les exploitations », souligne Thierry Roquefeuil.

Rencontre programmée
La FNPL a ainsi décidé de rencontrer les partenaires de la production laitière et les industriels. Car l’autre préoccupation des éleveurs, c’est la question des prix. « On est loin des niveaux des plans de filières et de l’esprit des Etats généraux de l’alimentation, on sent bien que le business est en train de reprendre le dessus, tout le monde est en train de trouver des excuses », dénonce le président de la FNPL. Si l’organisation continue de vouloir que son plan de filière aboutisse, notamment sur la question de la montée en gamme, elle rappelle que cela ne pourra se faire que si les éleveurs peuvent s’y retrouver financièrement. Les producteurs dénoncent le gel du prix du lait, voire sa baisse. Pourtant la sécheresse qui a touché les gros pays producteurs, menace les disponibilités et devrait donc faire monter les prix. « On entre dans une culture de consolidation des marges, les industriels n’ont pas joué leur survie mais leur embonpoint », analyse André Bonnard, secrétaire général de la FNPL. Selon l’organisation, l’industriel Lactalis est descendu, par exemple, jusqu’à 310 euros les milles litres, en dessous de Sodiaal qui propose entre 320 et 340 euros.
Les déboires des industriels et coopératives français, sur le marché chinois, ajoute à l’inquiétude des producteurs. Comme le révélait Ouest France, la coopérative Sodiaal serait victime d’impayés, de la part de Synutra, le partenaire chinois des deux plus grandes coopératives de l’Ouest de la France, qui serait en difficulté et a déjà annoncé, en début de semaine, sa décision de rompre son contrat avec les Maîtres laitiers du Cotentin. La coopérative Sodiaal pourrait reprendre une partie du site construit par le groupe chinois en Bretagne, mais peu d’informations filtrent, ce flou agace la FNPL. « On ne peut pas faire une croix sur le marché chinois, mais la question est de savoir si on a les bons fournisseurs », prévient André Bonnard. L’organisation appelle les coopératives à « chasser en meute » sur un marché Chinois difficile d’accès.

PAC
Les producteurs ont aussi rappelé leurs attentes et craintes vis-à-vis de la future Politique Agricole Commune. La FNPL demande un budget ambitieux, et a salué le travail du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation français, Stéphane Travert, pour rallier une vingtaine de pays européens, à sa demande de conserver un budget à la hauteur des enjeux de l’agriculture. Parmi les points clés de la future PAC, le renouvellement des générations est l’un des thèmes importants pour la filière laitière. « Il faut que nous gardions des hommes et des femmes sur nos territoires », insiste Thierry Roquefeuil, qui dénonce aussi des aides insuffisantes et inadaptées aux exploitations laitières.