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La filière face aux crises

Publié le: 05-11-2020

Viticulture Les professionnels de la filière viti-vinicole, conduit par Jérôme Despey, notamment secrétaire général de la FNSEA, ont rencontré le 2 novembre le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation pour lui faire part de leurs inquiétudes sur l’avenir. Retour sur cette rencontre et revue de détail des défis auxquels ce secteur est confronté.

Taxes « Trump », plan de soutien pendant la crise sanitaire, plan de relance, future PAC, glyphosate… Tels sont les dossiers qui ont été abordés, le 2 novembre au soir, lors de la rencontre, rue de Varenne, entre le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie et les représentants de la filière viti-vinicole. Selon leurs calculs, les producteurs de vin français auraient perdu au moins 400 millions d’euros (M€) en raison des taxes « Trump » conséquence de la guerre commerciale entre les États-Unis et l’Europe sur le dossier Boeing-Airbus. Certes, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a jugé le 13 octobre que l’Union européenne pouvait prendre, dès le 27 octobre, des mesures de rétorsion contre les États-Unis sur ce dossier à hauteur de 4 milliards d’euros (Md€). Mais il reste à concrétiser cette mesure que Bruxelles a refusé d’appliquer en pleine élection du président des États-Unis. D’ailleurs, quelle que soit l’issue du scrutin américain, le contentieux risque de perdurer car tant Joe Biden que Donald Trump militent pour « America First » (L’Amérique d’abord). Surtout, la France ne cesse, depuis quelques mois, de perdre des parts de marché au profit de l’Italie peu impactée par cette taxe. C’est pourquoi les représentants de la filière ont demandé au ministre une réunion spécifique sur cette taxe Trump.

Exonération de cotisations patronales
Rappelant qu’il est difficile de dissocier la taxe Trump de la crise du Covid, le ministre de l’Agriculture s’est déclaré conscient que les réponses européennes n’étaient pas à la hauteur des enjeux de la crise sanitaire. Les représentants vitivinicoles ont cependant salué les mesures prises par la France et l’Europe pour atténuer les effets économiques et sociaux de la pandémie, en particulier la distillation et le stockage privé. Sur ce dernier point, les viticulteurs entendent que le ministre maintienne la pression auprès de la Commission européenne pour que l’aide au stockage privé soit rapidement mise en œuvre. Autre dossier que la profession aimerait voir avancer dans le dossier Covid : les exonérations de cotisations patronales pour 2021 en fonction de la perte du chiffre d’affaires. Sur ce point, le ministre a reconnu que la rédaction de l’article dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale n’était pas optimal, qu’il était compliqué et qu’il allait poursuivre les discussions.

Perte de compétitivité
Concernant la future PAC, Jérôme Despey a salué la position forte du ministre sur la prolongation du dispositif des autorisations de plantations de vignes jusqu’en 2040, mais s’est inquiété de la baisse du budget de l’Organisation commune de marché (OCM) du vin à hauteur de 3,8 %, OCM qui finance la moitié du budget de crise. Mais sur ce dossier, c’est la Commission qui a tranché malgré les protestations du ministère, en particulier de la direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises. Il restera aux chefs d’État à se prononcer prochainement car ils n’ont pas validé cette baisse de l’OCM, a rappelé le ministère. Enfin sur le dossier du glyphosate, les professionnels ont rappelé que les nouvelles règles (réduction de 80 % de la dose) étaient « impossibles à mettre en œuvre ». Ils demandent le temps nécessaire pour s’adapter. Ils craignent surtout une perte de compétitivité vis-à-vis de leurs concurrents européens. Mais comme cette réglementation a été édictée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) qui est une agence indépendante sur laquelle le ministère de l’Agriculture n’a pas autorité. Le fait que certains préfets aient restreint, voir interdit, la vente d’alcool le soir à partir d’une certaine heure, risque de peser encore plus sur l’économie d’une filière déjà fragilisée.