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DFCI et sylvicutleurs :

Publié le: 24-01-2023

Forêt  Le lundi 23 janvier, l’association régionale de défense des forêt contre l’incendie (DFCI) et le syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest ont invité les élus pour préparer une nouvelle stratégie de prévention.

Le 23 janvier, la Maison de la forêt accueillait nombre d’élus, nationaux, régionaux et départementaux pour évoquer la prévention. Après les incendies de l’été dernier, ils s’inquiètent du manque de moyens pour la prochaine campagne.
Créée il y a 70 ans pour tracer des chemins permettant le passage des camions incendie, la DFCI (Défense des forêts contre l’incendie) est financée par les cotisations des forestiers (50 000 propriétaires cotisants) qui se sont auto taxés pour gérer le bien commun. Le travail accompli est immense : 42 000 km de pistes forestières, 5 000 points d’approvisionnement d’eau, 17 000 km de fossés entretenus, 55 000 ponts et 10 000 panneaux de signalisation… La publicité appelant, l’été, à la plus grande vigilance après la météo de FR3 Bordeaux, c’est également un financement DFCI. Voilà pour le quantifiable. Le non quantifiable, c’est, par exemple, la coordination des pompiers et des agriculteurs venus apporter de l’eau lors des incendies de l’été dernier. « L’aide des agriculteurs a été cruciale, expliquait Bruno Lafon, Président de la DFCI Aquitaine et maire de Biganos. Et contrairement à d’autres endroits en France, ils n’ont pas gêné les pompiers, grâce à la coordination menée par nos bénévoles. »

Trop bons élèves ?
Un bilan en tout point positif. Peut-être trop. Car, si la Gironde est le département qui connaît chaque année le plus de départs de feux en France (plus de 300), il n’est pas médiatiquement reconnu comme un département à risque. Pour le français moyen, et pour les décideurs politiques parisiens, le feu, c’est le Sud-Est.
Les politiques de la Région étaient nombreux à s’être déplacés, lundi 23 janvier, lors de la table ronde d’information qui leur était réservée. Jean-Jacques Héraud, vice-président des sylviculteurs du Sud-Ouest précisait : « Si les forêts et les chemins ont été détruits, il faudra quand même que les pompiers puissent accéder cet été aux parcelles se situant en seconde ligne. Des hectares doivent être protégés. » Bruno Lafon, lui, soulignait : « Dans 60 jours, nous pouvons avoir des températures critiques. Il faut agir vite. »

De nombreux besoins

Les besoins sont multiples. Équiper les 2 500 bénévoles en jaune, et leur permettre de patrouiller pour conseiller et prévenir. Repeindre l’ensemble des véhicules. La DFCI doit être reconnaissable. Puis recruter. Car 13 équivalents temps plein, c’est insuffisant. La DFCI souhaite recruter 8 permanents de plus, notamment dans la sensibilisation aux risques. En effet, 94 % des départs de feux sont d’origine humaine. À Biganos, la police municipale a interpellé un riverain de la forêt qui faisait cuire des sardines loin de son habitation, se rapprochant donc de la forêt car, expliquait-il « le poisson, ça sent fort ». « En outre, de la même façon que des pistes sont fermées en haute montagne lorsque c’est nécessaire, précisait Bruno Lafon, on devrait pourvoir fermer les accès à certaines forêts l’été. »
La DFCI a de nombreuses autres demandes : être reconnue d’utilité publique, notamment. Elle souhaite également que l’OLD (l’obligation légale de débroussaillement) soit appliquée : 50 mètres autour des habitations et 10 mètres le long des voies. La forêt cultivée étant le premier élément de réduction du risque, la DFCI souhaite encourager les bonnes pratiques sylvicoles : des parcelles de 25 ha entourées par des pistes de 4 m avec de chaque côté des bandes de sûreté de 4 mètres.
D’autre part, la DFCI souhaiterait pouvoir intervenir sur ses infrastructures sans autorisation des propriétaires. Pour l’ensemble des mesures qu’elle préconise, elle demande l’engagement de l’État à hauteur de 4 millions d’euros. État qui n’a toujours pas répondu favorablement à ces demandes.
Naïs Capdepon