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Chambre d’agriculture : une session en forme de bilan

Publié le: 16-12-2019

2019 L’ultime session de l’année, le 29 novembre à Beychac-et-Caillau, a permis aux élus de commenter une actualité marquée par la crise de la viticulture bordelaise et de faire un état des lieux de l’année agricole et forestière.

La dernière session de la Chambre d’agriculture de l’année est le moment de faire un état des lieux des douze mois écoulés sur le plan agricole et forestier. C’est aussi le moment où l’on commente la santé des filières et de leurs acteurs. Sans surprise, le sessionca291119_16-12-2019bilan réalisé par les directeurs des services de la Chambre d’agriculture, lors de la session du 29 novembre à Beychac-et-Caillau, a largement commenté le contexte international et français de la filière viticole et ses conséquences pour les vins de Bordeaux.
« Avec un volume des vins estimé à 5 millions d’hectolitres, - 4 % par rapport à la moyenne quinquennale, on s’attend à peu d’amélioration significative du marché à court terme », estime Philippe Abadie lors de la présentation de la situation de la viticulture bordelaise. La chute des ventes est de 16 % sur 12 mois, reflet des baisses de 11 % des exportations et de 12 % en grandes et moyennes surfaces (GMS). Le directeur du service Entreprises tente de rassurer : la valeur des vins de Bordeaux a également baissé mais dans une moindre mesure. On est plutôt sur des moyennes de – 1 % à l’export et – 8 % en GMS. Mais ce qui ne passe pas, c’est la chute vertigineuse du marché chinois, - 31 % en un an.
Des informations très commentées dans la salle. Thomas Solans s’inquiète du « manque de concertation » face à une crise qui semble vouloir durer et fragilise les exploitations. Il alarme aussi sur les effets indirects sur le prix des fermages, avec des arrêts de location de vignes et pas de repreneurs assurés dans ce contexte.
Laurent Loremte, représentant la Coordination rurale, surenchérit sur la situation pas suffisamment prise en compte par les instances agricoles : « il en va de la survie de centaines d’exploitation et on fait comme si c’était liée à la conjoncture, il faut aller plus loin dans l’analyse. » Dans la salle, un représentant du Crédit agricole estime qu’il faut raison garder : « nous devons faire attention aux discours alarmistes, ne pas généraliser. Certains viticulteurs étaient déjà en difficulté quand les cours étaient à 1 500 euros le tonneau. Notre réflexion doit être globale mais aussi tenir compte de la situation particulière des exploitations. »

Le cap jusqu’en 2025
Une autre tendance forte de la session de la Chambre d’agriculture consiste à proposer les solutions face aux défis de la transition écologique. La Chambre de Gironde est engagée de longue date dans l’accompagnement des agriculteurs dans leurs démarches de certification environnementale. Le président Jean-Louis Dubourg est fier d’annoncer les très bons résultats en la matière de la Gironde qui s’est hissée au premier rang des départements pour le nombre de ses exploitations certifiées HVE (Haute Valeur Environnementale).
Pour lui et les équipes de l’organisme, ces bons résultats doivent être un encouragement à poursuivre le travail engagé. Une trame vient d’être proposée au national, sous forme d’un projet de mandature 2019-2025. Il se décline dans les départements par un document de synthèse qui « servira de cadre à nos équipes et de cap pour notre organisme », souligne le président Dubourg. Une feuille de route que les élus de la Chambre ont développé en deuxième partie de session.
Jean-Louis Dubourg ne cache pas que ce projet de mandature, destiné notamment à relever les défis de la transition écologique, a permis « d’affûter nos arguments face aux parlementaires. » Le soutien des élus nationaux, soit présents, soit représentés à la session, aurait compté pour beaucoup dans le maintien du niveau de la part de l’impôt sur le foncier non bâti alimentant le budget des Chambres d’agriculture pour 2020. Il s’agit donc maintenant de traduire en actes ce qui a été couché sur le papier.
Des élus de la Chambre d’agriculture font savoir que ce ne sera pas simple. À la tribune, la vice-présidente de la Chambre, Magali Vérité, insiste sur les difficultés à trouver de la main d’œuvre qualifiée. « Comment pérenniser nos emplois et recruter quand nos exploitations sont en panne de rentabilité ? » Son collègue, Jean-Samuel Eynard, met le curseur sur les emplois de tractoristes, essentiels pour baisser les apports chimiques, augmenter la part du travail mécanique, comme le veut la transition écologique.
L’année agricole 2019 sera donc marquée par les incertitudes. Tous veulent croire que 2020 sera l’année des stratégies et des solutions partagées.
Nelly Fray