Cantines scolaires : coup d’arrêt à Saint-Jean d’Illac

Circuits courts Les Jeunes Agriculteurs de Gironde sont déçus : avec le changement de municipalité, le circuit court mis en place est stoppé.

Les Jeunes Agriculteurs de Gironde avaient initié il y a un peu plus de trois ans, un partenariat avec la commune de Saint-Jean d’Illac pour offrir aux enfants des produits locaux à la cantine. Une dizaine de producteurs locaux approvisionnaient la municipalité. Avec le changement politique à la tête de la commune, le syndicat a eu la – mauvaise – surprise d’apprendre, fin novembre, la rupture du contrat d’approvisionnement qui devait courir jusqu’en 2022.
Vincent Bougès, le président des Jeunes Agriculteurs de Gironde (JA33) est, pour le moins, déçu : « Le plus grave, dans cette affaire est que nous avions réussi à installer, dans un contexte difficile, un jeune en bovins viande grâce à ce circuit-là. Bien sûr, nous ne baissons pas les bras et nous allons activer nos réseaux pour trouver une autre collectivité sur laquelle nous pouvons redéployer notre modèle. Mais je trouve dommage qu’une municipalité fasse table rase du passé par facilité technocratique d’autant plus quand son programme de tendance écologiste indiquait qu’il fallait consommer local et allait complètement dans ce sens. »
La commune de Saint-Jean d’Illac a, en effet, stoppé la prise de commande avec les Jeunes Agriculteurs car faisant partie du groupement d’achats métropolitain, l’ADARCE. Elle a indiqué aux JA33 que s’ils souhaitaient continuer à travailler avec leur commune, il était nécessaire de se rapprocher avec le marché ADARCE. Seulement après vérification, il n’est pas possible pour la structure JA33 de travailler directement avec ce groupement d’achats. Vincent Bougès trouve donc l’argument léger. « Ils se réfugient derrière des choses qui n’ont pas de sens. Quand on en a la volonté, on peut dépasser un cadre rigide. Surtout lors que la réglementation actuelle permet la conservation d’un lien entre collectivités et agriculture de proximité. »

Ne pas opposer les systèmes
Pour autant, le président des JA33 n’entend ni baisser les bras ni opposer les systèmes. Pour lui, il ne s’agit pas de « rester sur cet échec. Nous sommes membres-fondateurs de l’association Aux prés des cuisiniers qui met en relation collectivités et agriculteurs. En agriculture, plusieurs modèles peuvent coexister. Nous ne sommes pas contre le modèle coopératif qui peut fournir de grandes quantités, par exemple. Mais nous voulons pouvoir répondre aux différents circuits. »
Et d’indiquer qu’il « a conscience que le circuit court est un peu plus contraignant pour les collectivités avec une méthodologie un peu différente et des produits moins transformés. »
Pour autant, il rappelle l’implication des jeunes agriculteurs au-delà du seul approvisionnement de la cantine. « En plus de la démarche économique, c’était un moyen de promouvoir les valeurs du monde agricole, de remettre les aliments au cœur de la cuisine, d’éduquer les plus jeunes à une alimentation saine et à l’agriculture. Les élèves avait d’ailleurs pour projet de visiter les fermes qui fournissaient l’école. Aujourd’hui, tout est rompu. On a du mal à comprendre ce brutal coup d’arrêt. »
En trois ans, ce sont plus de 73 000 repas qui ont été élaborés avec les produits des agriculteurs girondins. Ce travail mené avec les Jeunes agriculteurs de la Gironde et la Chambre d’agriculture a permis à la commune de Saint-Jean d’Illac d’atteindre, en 2019, la barre des 23 % de produits locaux dont 7 % de bio en achats alimentaires. Les dix producteurs engagés devront partir à la conquête de nouveaux marchés. Le syndicat déplore le manque de cohérence de certains élus «  Sacrifier les agriculteurs engagés et volontaires sous prétexte de la simplification des achats n’est pas un argument suffisant ! » Et garde espoir de trouver des élus « volontaires et cohérents » pour poursuivre dans la bonne direction.