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Biocontrôle et biosolutions : « C’est un autre mode de lutte »

Publié le: 03-03-2022

Région Trois questions à Jean-Pierre Raynaud, vice-président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, chargé de l'Agriculture, de la Transition agro-écologique, de l'agroalimentaire, de la forêt, la mer, la montagne.

Vous avez présenté, lors de la session plénière du 7 février, à Bordeaux, la feuille de route biocontrôle et biosolutions 2022-2026. Pouvez-vous dire de quoi il s’agit ?
Jean-Pierre Raynaud :
Ce document est la mise en œuvre opérationnelle de Néo Terra. Respect de la biodiversité, préservation de la ressource en eau, sortie des CMR [ NDLR : Cancérigènes, Mutagènes, Reprotoxiques] en 2025, sortie des pesticides en 2030 sont les ambitions auxquelles la feuille de route biocontrôle et biosolutions va répondre. Des ambitions partagées avec l’agriculture. Car on ne peut pas laisser les agriculteurs sans solution technique. Pour y arriver, en 2019 déjà, nous avons participé à la création du cluster BC&BS qui compte aujourd’hui soixante-dix membres dont vingt-cinq entreprises, des instituts de recherche, des centres techniques, des organismes de diffusion. Le travail est donc engagé. Certains produits sont en phase de test. Mais on n’a pas encore toutes les solutions. Il y a des pistes très intéressantes. Comme un produit à base d’algues pour lutter contre le mildiou en vigne. Il est en cours d’expérimentation dans les Chambres d’agriculture et certaines coopératives. Il y a plus d’une centaine de produits en expérimentation.

Mais les agriculteurs ont besoin de ces solutions rapidement, où en est-on ?
J.-P. R. :
Tous ces produits ont besoin d’autorisation de mise en marché. Trente produits sont déjà homologués. Je pense, par exemple, à l’entreprise De Sangosse. Aujourd’hui, elle propose un produit efficace pour remplacer les fongicides de synthèse sur les céréales. Nous sommes en contact avec l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). La demande d’homologation est complexe et nous pouvons aider au montage des dossiers pour gagner du temps. Nous travaillons aussi pour faciliter l’accès au marché de ces produits. Et pour accompagner la prise de risques des agriculteurs qui veulent les utiliser. Car ces produits s’inscrivent dans un changement plus vaste : la transition agro-écologique et la gestion des exploitations intégrant la biodiversité. C’est un autre mode de lutte avec de la prévention et une gestion de la population des ravageurs par des mécanismes naturels plutôt qu’une éradication.

C’est un travail de longue haleine. Sera-t-il accompli en 2026 ?
J.-P. R. :
La feuille de route est un outil transversal. Il associe la recherche, l’éducation, la formation. Il s’appuie sur les lycées agricoles, les industriels, les agriculteurs, les start-up… Nous avons quatre axes pour fédérer les acteurs : le cluster, qui permet l’échange d’informations, la rechercher-innovation, la facilitation de l’accès au marché et la vulgarisation des pratiques. Nous engagerons les budgets par la suite, en fonction de l’avancement des projets. La feuille de route a été signée par ses deux commanditaires : la Région et l’État. Nous ferons une évaluation en 2026 pour savoir où on en est.
Propos recueillis par Myriam Robert