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Manifestations : la Gironde s'affiche

Publié le: 08-02-2024

ÉVÈNEMENT Les exploitants ont montré leur union lors des manifestations, fin janvier. Au menu : le blocage de la rocade bordelaise et l'occupation de nombreux rond-points.

Ils avaient annoncé la couleur fin 2023 avec l'opération "On marche sur la tête" et des panneaux d'entrée de ville installés à l'envers pour montrer leur détresse… Fin janvier, ils ont montré leur force. Venus de tout le département, les agriculteurs girondins ont bloqué la rocade de la Métropole avec leurs tracteurs, dès le 24 janvier. Ils étaient là, presque "trop nombreux" dans un embouteillage de tracteurs et de bétaillères avant la mise en place du cortège qui allait bloquer l'autoroute urbaine. Les syndicats majoritaires ont mis quelque temps avant de réussir à "caser tout le monde". Et il ne faisait pas bon venir en voiture à Bordeaux ce jour-là. Pour autant, les habitants de la métropole bordelaise se sont montrés, dans l'ensemble, favorable aux agriculteurs. Un point positif pour cette mobilisation d'exploitants éreintés par les crises à répétition et les injonctions contradictoires qu'ils doivent intégrer : plus de production pour assurer la souveraineté alimentaire du pays, mais avec moins de moyens, plus de services agro-écologiques pour redresser la barre du changement climatique mais sans outils pour lutter contre les conséquences qu'ils sont les premiers à subir.

De l'humain

Les 30 et 31 janvier, la mobilisation n'avait toujours pas baissé. Mais les tracteurs sont allés se montrer dans les autres villes de Gironde : Libourne, Saint-André de Cubzac, Saint-Magne de Castillon, Sauveterre-de-Guyenne, Vertheuil, Marcheprime… Et si l'ambiance était chaude, elle est restée à l'image du terroir : respectueuse et conviviale… Une convivialité qui a fait chaud au cœur des participants réunis autour d'une même cause et d'un feu de palettes. Les voisins qui se voient peu, habituellement, ont pu échanger autour d'un pique-nique improvisé. Et retrouver du lien social pour transcender le sentiment de déclassement qui prégnait ces derniers mois, entre crise économique, bordeaux bashing et impression d'être responsables de tous les maux de la terre…

Une mobilisation qui a payé [NDLR : voir en page 4 les annonces du gouvernement] et qui a orienté le discours de politique générale du Premier ministre récemment nommé, Gabriel Attal. C’est pourquoi, après consultation des syndicaux locaux, la FNSEA et JA ont décidé de suspendre les blocages. « Mais sous condition », s’est empressé de préciser Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs au niveau national. « À condition que le gouvernement nous donne rapidement une synthèse écrite de ses annonces », ont précisé les deux présidents qui donnent peu de temps au gouvernement pour agir. Ce document devra leur être présent avant le Salon. Autrement dit, la vigilance reste de mise au sein des deux organisations syndicales qui changent de mode d’action. Le « mouvement ne cesse pas. Il se transforme », a indiqué le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. « On va se mettre au travail dans les préfectures, dans les ministères, pour aller travailler tous les points qui ont été annoncés, pour aller voir comment on les met en application, comment on fait pour que ça se concrétise réellement sur le terrain », a indiqué le président des JA. Il faudra aussi que les premiers résultats soient tangibles au Salon de l’Agriculture. « C’est un marqueur fort », a estimé Arnaud Gaillot. S’ils n’étaient pas remplis en temps et en heure, les agriculteurs seraient prêts « à rentrer dans un mouvement de mobilisation d’ampleur ». Ils ont encore le pied sur l’accélérateur du tracteur…