Les agriculteurs girondins pleinement mobilisés
Solidarité Si les initiatives se multiplient pour venir en aide aux sinistrés, les agriculteurs du département montent également au front et assistent avec leurs moyens, les sapeurs-pompiers.
«J’y suis depuis vendredi, je n’en peux plus.» Avec quatre autres agriculteurs, Mickael Massignani, éleveur à Landerrouet-sur-Ségur, aide depuis plusieurs jours les pompiers girondins à contenir les incendies de forêt dans la zone de Landiras. Et il n'est pas le seul comme l'explique Frédéric Laforse délégué FNSEA du canton de Monségur. Celui qui était pompier volontaire quand il était JA, a donné un coup de main à Landiras et vite évalué les risques de son canton qui a envoyé les deux seuls camions porteurs d'eau de la caserne de Monségur au front : « Nous avons monté un groupe de solidarité en mobilisant nos tracteurs et nos tonnes à lisier pour pallier le manque de camions porteurs d'eau. Comme nous sommes en zone rurale, nous ne disposons pas de poteaux incendies, il nous a donc fallu nous adapter et chercher des raccords pour que les pompiers puissent brancher leurs lances dessus si un incendie se déclarait ici. »
Solidarité agricole
À Landiras, les tonnes à lisier offrant un approvisionnement d'eau, ont aidé au ralentissement de la propagation du feu. Thomas Cerciat, de la chambre d'agriculture explique qu'ils sont « en lien permanent avec la DFCI et que les tonnes servent soit à approvisionner les pompiers en eau, soit à arroser les sentiers et chemins pour éviter la propagation des flammes. Il y a une trentaine de tracteurs qui se relaient sur place. » Il se félicitait aussi du grand élan de solidarité des départements voisins et au-delà, « j'ai eu des appels du Rhône et de Loire-Atlantique ! »
Une mobilisation agricole et rurale qui s'est également manifestée avec l'entraide d'une quinzaine de personnes qui ont confectionné 1 200 sandwichs pour les soldats du feu grâce à la générosité des commerçants locaux et des agriculteurs de Bienvenue à la Ferme. Frédéric Laforse souliganit que « ça les a changé des jambon-beurre qu'ils mangent depuis une semaine ». De son côté, Thierry Ossard, viticulteur bio et producteur de céréales à Saint-Vivien de Monségur, a répondu à l'appel des réseaux sociaux et s'est rendu sur place pour apporter son aide : « Avec une vingtaine de tracteurs, on arrose depuis plusieurs jours les bords de route, les bas-côtés et les pistes forestières pour éviter le retour du feu. J'ai vu beaucoup de personnes très fatiguées, notamment les forestiers qui rentrent exténués de leurs missions et dorment très peu... ».
Les agriculteurs mobilisés...
Autant d'initiatives individuelles ou locales, remarquées par la chambre d’agriculture, qui vient justement de lancer un recensement du matériel disponible en Gironde, mais également dans les départements limitrophes (Lot-et-Garonne, Dordogne, Charente et Charente-maritime) : https://tinyurl.com/recensementmoyensincendies
Thomas Cerciat, conseiller de la chambre d'agriculture indique d'un seul élevage de canard a été évacué à Landiras. « Heureusement que ce n'est pas une zone d'élevage ! Nous intervenons en fonction des besoins des pompiers. Maxime Madore, conseiller forêt, fait le lien avec la DFCI. Une trentaine de tracteurs se relaient sur le secteur de Landiras. ». Quelques animaux auraient été déplacés, et cinq hectares de vignes auraient brûlé, mais les dégâts des incendies seraient pour l’heure limités en dehors du secteur forestier. « Selon l’enherbement, le vignoble peut arrêter le feu ou au contraire le propager c, rappelle-t-on à la FNSEA de la Gironde. Selon cette même source, les appellations les plus proches de l’incendie, les Graves et le Sauternais, ne sont cependant pas les plus touchées par la crise du vignoble, qui peut limiter l’entretien des parcelles. « Nous sommes de tout coeur avec ceux qui luttent contre les terribles feux dans notre département », assure Jean-Louis Dubourg, le président de la chambre. « C'est une catastrophe écologique et économique dont on ne mesure pas encore la portée. Une nouvelle fois, avec l'appui de la chambre d'agriculture et en lien avec la DFCI, les agriculteurs se mobilisent. Car c'est aussi cela l'agriculture : des hommes et des femmes qui agissent pour le bien commun ».
La Région planche sur l'avenir de la forêt
Avenir La Région et les forestiers vont recevoir la première ministre sur le terrain pour trouver des solutions pour la suite.
La Région Nouvelle-Aquitaine entend déjà réfléchir sur l'après incendies. Un premier échange sur l'avenir de la forêt a été organisé hier, mardi 19 juillet, à Cestas en présence d’Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Guillaume Riou, vice-président en charge de la transition écologique et énergétique, Henri Sabarot, conseiller régional délégué à la forêt, et les représentants des instances forestières (coopérative Alliance Forêts Bois, Centre Régional de la Propriété Forestière - CRPF, direction régionale de Défense de la Forêt contre les Incendies - DFCI, Office National des Forêts - ONF, Syndicat des Sylviculteurs du Sud Ouest). Et après la visite de terrain programmée ce mercredi avec le Président de la République, c'est auprès d'Elisabeth Borne, la Première Ministre, que se poursuivront les échanges. L'occasion de tirer les premières analyses de ces évènements et d'envisager des premières pistes de solutions pour éviter que de tels épisodes dramatiques ne se reproduisent. Pré-positionnement de moyens aériens plus conséquents pour faire face aux conséquences du dérèglement climatique, développement de solutions technologiques et techniques aménagement du territoire et prévention ont ainsi été évoqués. « La réflexion se poursuivra une fois l’urgence et la nécessité d’arrêter les feux en cours passées », rappelle Alain Rousset. « Je salue le courage des habitants et de tous les services d’intervention, sapeurs-pompiers et pompiers, la résilience et la solidarité de la société civile, l’engagement des élus locaux. Je les assure de la solidarité de la Région aujourd’hui. Dans les mois qui viennent, la Région sera présente sur les compétences qui sont les siennes».
FOCUS
Pas de blessés graves
> La préfecture de la Gironde effectue des points réguliers face à ces incendies de grande ampleur. Point d'étape au 20 juillet.
Les sapeurs-pompiers de la Gironde, appuyés par des renforts des départements voisins et nationaux, interviennent depuis mardi 12 juillet sur deux incendies hors norme qui ont brûlé à cette heure près de 20 600 hectares de forêt en Gironde. « Grâce aux importants moyens terrestres et aériens engagés (2 000 sapeurs-pompiers, 6 Canadairs, 2 Dash) et aux nombreux travaux de protection contre les incendies réalisés dans la journée d’hier, la progression des feux a été fortement limitée cette nuit. Aucune évacuation supplémentaire n’a eu lieu depuis hier après-midi. Au total, 36 750 personnes ont été évacuées depuis le début de la crise. Aucun blessé grave n’est à déplorer. » indiquait Fabienne Buccio, mercredi 20 juillet, à la mi-journée. A Landiras, dans la nuit, les sapeurs-pompiers ont éteint de nombreuses reprises de feu, renforcées notamment par l’activité orageuse électrique. Face au risque de reprises de feu qui perdure, les soldats du feu restent extrêmement mobilisés et vigilants.
De nombreuses routes restent fermées. La liste est consultable sur le site du Conseil Départemental : https://www.gironde.fr/deplacements/inforoutes#incendie-gironde
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