On a dû pousser les murs, le 7 octobre, sous les ors XIXe de la CCI Bordeaux-Gironde… La salle était comble pour écouter les intervenants de la table ronde intitulée "L'œnotourisme face à la déconsommation des vins". Une salle comble et des chaises ajoutées à la hâte dans l'arrière-salle pour accueillir tous les curieux venus entendre ce qu'avaient à dire Cécile Terrien, de l'association Vin & Société, sur les causes culturelles et sociologiques de la déconsommation, des jeunes venus apporter leur témoignage ou encore Stanislas Cattiau, directeur général des Cordeliers, qui offrent un panel d'expériences à leurs visiteurs, de la balade en tuk-tuk aux DJ sets gustatif.
Alors, comment faire apprécier aux jeunes générations le vin, un produit culturel si chargé de symboles et d'histoire qu'il en devient intimidant ? Peut-être en le désacralisant un peu. C'est l'expérience que propose le cloître des Cordeliers, à Saint-Émilion. Son directeur général, Stanislas Cattiau parle de passion… Il a débuté, en 2008 par l'élaboration de crémant de Bordeaux dans les caves du XIVe siècle de cette exploitation en perte de vitesse. "Il fallait parler de la qualité des crémants de Bordeaux, investir dans un nouvel outil de production et augmenter les prix. Nous avons alors réfléchi à comment proposer des dégustations de crémants. Nous avons débuté par des tours guidés intéressants et ludiques dans nos trois kilomètres de carrières qui se terminent dans une ancienne église du XVe siècle rénovée. Nous avons également proposé un espace de restauration, des paniers pique-nique, des salles de réception pour les entreprises, des visites en tuk-tuk." énumère-t-il avant d'avouer son autre passion : la musique. Alors, pour allier les deux, il tente un DJ set… et entend les remarques de sa clientèle : "une soirée DJ, ce n'est pas adapté aux familles". Mais "avec un grand site de 3 000 m2, tout le monde peut venir, les jeunes devant la scène, les autres un peu plus loin, mais tous peuvent profiter de la soirée, de 18 à 23 heures." Pour attirer les habitants de la métropole, il instaure une navette (à réserver en même temps que la soirée via une billeterie électronique) des Quinconces aux Cordeliers. C'est le succès ! Les soirées "électro break" drainent 70 000 personnes de la mi-mai à fin août et le lieu rafle un trophée d'or l'an passé. Pour Stanislas Cattiau, le vrai moteur c'est la passion (en plus de celle du vin). "Soyez unique. Vous avez tous une autre passion. Trouvez une animation avec celle-ci." propose-t-il aux participants. Car c'est cette expérience unique qui séduit les jeunes consommateurs. Une expérience incarnée, humaine.
Approche décomplexée
Au Grand Verdus, à Sadirac, l'humain est là, l'expérience un peu différente. C'est l'esprit guiguette qui souffle dans un château renaissance, tout près de Créon. "Nous avons démarré en 2021 après la Covid-19 pour renouer avec une clientèle plus locale." explique la représentante du domaine. "La propriété est familiale et ce sont les deux fils qui ont proposé l'idée œnotouristique à leur père qui n'était pas très convaincu. La guinguette fonctionne très bien et uniquement via le bouche-à-oreille. On propose 17 vins différents, de la bière, de la petite restauration avec des produits locaux et de la musique. Le public est très familial et le panier moyen est de 28 euros HT. Les gens ne viennent pas pour acheter du vin, mais nous proposons une réduction immédiate de 15 % pour 6 bouteilles et ça déclenche souvent le geste d'achat. La guinguette n'ouvre qu'une fois par semaine car c'est uniquement la famille qui travaille ce jour-là à l'accueil du public. En effet, ça permet de voir le viticulteur ailleurs que dans son chai et on peut parler de vin de manière décomplexée."