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Faire du lien et défendre la cause des agriculteurs

Publié le: 28-07-2022

Syndicalisme La FNSEA de la Gironde tenait, le vendredi 22 juillet, son conseil départemental décentralisé de l’été, à Castelviel. Au programme : un point sur l’actualité et l’accueil des élus départementaux pour les sensibiliser à la cause agricole.

Les incendies étaient dans tous les esprits, lors du conseil départemental décentralisé de la FNSEA33, le 22 juillet, à Castelviel. Une nouvelle illustration du changement climatique, mais aussi de la solidarité qui s’organise spontanément dans le monde agricole. « Au départ, le soutien des agriculteurs et de leurs tonnes à lisier s’est fait spontanément de manière individuelle » soulignait le directeur, Franck Ballester. Une solidarité que les viticulteurs poursuivent avec un appel aux dons pour remercier les sapeurs-pompiers girondins et venus de toute la France. Ils recevront du vin girondin pour « montrer à ceux qui ont côtoyé l’enfer des flammes que la Gironde peut aussi leurs fournir du réconfort, une fois rentrés chez eux, en dégustant de bonnes bouteilles de vins de Bordeaux, en famille ou en équipe. »

Un climat toujours plus rude
Un élan de solidarité qui ne fait pas oublier la crise - ou plutôt les crises - que traversent les viticulteurs girondins depuis de longs mois. Les présents revenaient sur le bilan des orages de grêle de juin. Le président de la FNSEA33, Jean Samuel Eynard, indiquait que « les conséquences des orages de grêle allaient encore assombrir les perspectives de revenu des exploitations » avant de pointer « le blocage de la végétation dû aux fortes chaleurs et à la sécheresse du début de l’été. » La véraison qui avait débuté s’est arrêtée et on commence à observer du flétrissement au vignoble.

Une crise à surmonter
Il faut dire que, dans l’assemblée, l’inquiétude était palpable entre la hausse des matières premières et celle des intrants, « le surcoût de production pourrait atteindre jusqu’à 150 euros par tonneau. » indiquait le directeur de la FNSEA33 « un surcoût qu’on ne peut pas répercuter sur le prix de vente. » complétait Jean Samuel Eynard. « Les effets de la crise sont démultipliés. » un participant résumait le sentiment général par une formule lapidaire : « Les chais sont pleins, les prix sont bas et il n’y a pas de marché ! » Un état des lieux qu’ont entendu Pascal Lavergne, député de la douzième circonscription de Gironde et les attachés parlementaires de la sénatrice Nathalie Delattre et de la députée Edwige Diaz… Les autres parlementaires étant retenus à Paris pour la discussion de la loi sur le pouvoir d’achat. Les syndicalistes ont bon espoir que les parlementaires départementaux relaient la situation au niveau national pour accélérer la parution des textes sur la mise en œuvre de la nouvelle réglementation sur la gestion des risques climatiques et rappelait l’indispensable réforme de la moyenne olympique. Le conseil fut l’occasion de rappeler aux élus les propositions du syndicat majoritaire en ce sens. Il a également dénoncé le durcissement des règles HVE (haute valeur environnementale) « pour faire plaisir à la FNAB et à la Confédération paysanne ». Et rappelé que les agriculteurs pouvaient donner leur avis jusqu’au 31 juillet sur https://formulaires.agriculture.gouv.fr/index.php/357146?lang=fr
Dans la salle, les débats ont été tout aussi riches autour de l’arrachage. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont lancé une enquête auprès de leurs adhérents pour estimer les intentions d’arrachage et les niveaux d’aides attendus pour le faire.

Diversifier pour persister
Jean-Louis Dubourg, le président de la chambre d’agriculture de la Gironde était présent lors de cette journée avec Thomas Cerciat et Philippe Mouquot, deux conseillers venus proposer leur éclairage à ceux qui souhaiteraient diversifier leur production. Les échanges autour de ces solutions furent très animés. Le président de la FNSEA33 soulignait que « ces productions ont, pour la plupart, besoin de plus d’eau que la viticulture. Et que l’implantation des retenues collinaires nécessaires est régulièrement empêchée par des recours ou des destructions de la part de certaines associations. Cela fait dix ans que nous alertons les élus sur le sujet et la réglementation n’a toujours pas évolué ». Autre débat qui touche aussi au débat de société : la méthanisation. Entre diversification, autonomie énergétique et nouvelles dynamiques au niveau des territoires, la réflexion est en cours.
De quoi battre en brèche l’image d’Épinal d’un monde agricole conservateur… Les agriculteurs évoluent, comme le reste de la société, même s’ils gardent à l’esprit des valeurs pour eux cardinales comme l’entraide et l’amour du terroir. Un amour du terroir qu’ils ont montré en visitant, à l’issue de leurs travaux, un moulin réhabilité avant de partager un repas en commun pour resserrer les liens mis à mal par deux années de pandémie.