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La transition agro-écologique doit être encouragée par des dispositifs fiscaux

Publié le: 12-03-2020

Environnement La transition agro-écologique ne peut pas seulement reposer sur l’innovation et la recherche agronomique, bridée par une réglementation dépassée. Elle doit aussi être associée à un grand plan d’investissements défiscalisés.

À Paris, le 3 mars, Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire, participait au colloque « une agriculture innovante pour relever les transitions attendues », organisé par l’Union française des semenciers (UFS) à Paris au Sénat. « Pour réduire l'usage des produits phytopharmaceutiques et améliorer la veille sur la santé et le bien-être des animaux, des agro-équipements agréés existent. Alors pourquoi ne pas favoriser leurs acquisitions en mettant en place un dispositif de suramortissement spécifique ? », a déclaré l’élu de Haute Loire. Il s’agirait de réaliser un suramortissement à hauteur de 40 % de la valeur d'origine des biens, hors frais financiers, pour réduire le coût d'acquisition de ces équipements. La proposition avait déjà été formulée lors de la discussion du projet de loi de finances de 2020 mais elle n’a pas été retenue. « L’agriculture est toujours au cœur de toutes les transitions de la société, avec dorénavant des agriculteurs mieux formés que la moyenne de la population active, a rappelé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Tous les nouveaux installés ont au moins le bac et parfois le niveau d’ingénieur ». Pour relever les transitions écologiques attendues, il faut créer, selon les participants du colloque, un grand mouvement d’innovations. Il mobiliserait à la fois les filières de recherche fondamentale et appliquée mais aussi les équipementiers. Sinon, l’agriculture n’aura pas les moyens technologiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de revoir ses pratiques culturales. Selon le vice-président de l’UFS, Franck Verner, les 135 entreprises de l’organisation y consacrent 13 % du chiffre d’affaires. Mais les chercheurs n’ont pas la possibilité d’accélérer la sélection variétale en déjouant le rythme de croissance des végétaux étudiés. Actuellement, il faut entre 5 et 10 ans pour créer une nouvelle variété. « En fait, la réglementation en vigueur sur les biotechnologies ne prend pas en compte les évolutions des trente dernières années », affirme Laurent Rosso, directeur général de Terres Innovia. « Il faut avoir une réglementation moderne pour accélérer la complémentarité de la recherche fondamentale et appliquée et, pourvoir l’accès aux nouvelles biotechnologies pour manipuler les génomes des plantes », ajoute le directeur d’Innovia.

Le machinisme agricole également concerné
Le machinisme agricole n’est pas en reste. « En s’engageant dans la transition agro-écologique, on n’est plus dans une innovation de progrès mais dans une innovation de rupture, avec des coûts qu’il faut pouvoir amortir », a déclaré Alain Savary, directeur général du Syndicat des industriels de l’agro-équipement (Axema). « Grâce à l’agriculture de précision, on est ainsi passé d’une agriculture à la parcelle à la plante, du troupeau à l’animal », a ajouté Alain Savary. Les nouveaux outils embarqués dans les matériels agricoles allient nouvelles technologies et connaissances agronomiques. Ils ont été créés par des start-up fondées ex-nihilo par des personnes qui ne sont pas issues du sérail agricole. Mais ils sont aussi mis au point par des constructeurs de matériels qui ont fondé pour l’occasion leurs start-up. Ces dernières bénéficient alors de l’expérience de « la maison mère » et des atouts qu’apporte l’immersion dans l’industrie du numérique. Pour que la transition soit une réussite, l’agriculture française ne doit pas être concurrencée par des produits importés, issus de pratiques agricoles interdites sur notre territoire, ont rappelé les intervenants invités au colloque de l’UFS. Les organisations professionnelles doivent aussi se mobiliser pour restaurer un climat de confiance auprès des Français déboussolés, sans repères agricoles et ruraux. Elles doivent les convaincre que l’agriculture s’inscrit bien dans les transitions attendues en stockant du CO2 et en adoptant des pratiques culturales complémentaires à celles en vigueur actuellement.