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Céréales : la France fait fort à l’export

Publié le: 18-11-2019

Marchés Après quatre mois de campagne commerciale, les achats égyptiens et chinois illustrent la compétitivité des blés et orges hexagonaux sur les marchés internationaux.

Réuni le 13 novembre, le conseil spécialisé grandes cultures - marchés céréaliers de FranceAgriMer a affiné ses prévisions de commercialisation de la récolte française de céréales en 2019/2020, établies un mois plus tôt. L’organisme public a notamment révisé à la hausse ses estimations d’exportation de blé tendre vers les pays tiers de 300 000 tonnes (t) à 12 millions de tonnes (Mt). « Le blé français est actuellement parmi les plus compétitifs au monde », explique Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre. « Les ventes sont facilitées par la qualité de la récolte 2019 et la faiblesse de l’euro face au dollar ». La France est actuellement en tête, devant la Roumanie, des exportateurs européens. Exemple de cette compétitivité : 420 000 t de blé français avaient déjà pris, début novembre, le chemin de l’Egypte, via l’organisme étatique le Gasc.

Déception algérienne
Autre bonne surprise : les achats marocains. Près de 230 000 t de blé français avaient été expédiées vers le royaume chérifien au 31 octobre, soit 35 fois plus que l’an passé à la même date. Petite déception cependant pour les opérateurs français : l’Algérie n’était pas aux achats en octobre. Ils s’attendent toutefois à un rattrapage des expéditions sur cette destination majeure au cours des prochains mois dont le total pourrait avoisiner 5 Mt en fin de campagne. FranceAgriMer a également rehaussé les ventes de blé tendre vers nos voisins de l’Union européenne (+ 77 000 t par rapport au mois dernier à 8,44 Mt). Sur le marché intérieur (meunerie, amidonnerie, éthanol…), les utilisations sont reconduites pratiquement au même niveau qu’en octobre à 8,83 Mt alors que les incorporations par les fabricants d’aliments du bétail (FAB) ont été minorées de 100 000 t à 5,4 Mt. Dans la lignée de la révision de la production de blé tendre de 262 000 t à 39,49 Mt par le ministère de l’Agriculture, la collecte chute de 105 000 t d’un mois sur l’autre pour atteindre 35,93 Mt. Au final, le stock de report présent sur le marché en fin de campagne pourrait s’alléger de 366 000 t à 2,54 Mt, en dessous (- 268 000 t) de la moyenne quinquennale. Pour le blé dur, FranceAgriMer anticipe un stock de report de 86 000 t (- 66 000 t par rapport à l’estimation du mois d’octobre). La collecte a été revue à la baisse de 15 000 t à 1,48 Mt. Les exportations à destination des pays de l’UE (950 000 t) ont été relevées de 50 000 t, du fait notamment d’une demande accrue de l’Italie. Les italiens se tournent en priorité vers le blé dur français, dont la qualité est exceptionnelle cette année, plutôt que vers le blé canadien dont la production 2019 semble dégradée pour plus de la moitié des tonnages récoltés, suite à une série d’incidents climatiques (fortes pluies suivies de gels précoces). L’utilisation de blé dur par les semouliers français, débouché stable depuis plusieurs années, est maintenue à 485 000 t.

Stock de report d’orge record
Après quatre mois de campagne, la France s’est également bien positionnée sur le marché des orges. FranceAgriMer table en fin de campagne sur des exportations vers l’UE de 3,62 Mt (+ 90 000 t). A l’inverse, les expéditions vers les pays tiers se tasseraient à 3,5 Mt (- 100 000 t). Il faut dire que la Chine, très présente en début de campagne avec plus de 200 000 t d’import par mois d’orge français, s’est faite plus discrète sur le mois d’octobre (92 000 t achetées). La collecte est prévue en progression de 19 000 t à 11,52 Mt. Les autres postes du bilan sont inchangés d’un mois sur l’autre. On s’orienterait vers un stock de report d’orge record de 2,13 Mt, supérieur de 27 000 t au chiffre avancé en octobre et largement au-dessus de la moyenne quinquennale (1,27 Mt). Alors qu’environ 20 % des surfaces restaient encore à récolter début novembre, les prévisions de FranceAgriMer laissent entrevoir un stock de report de maïs de 2,22 Mt, en progression de 94 000 t en un mois, mais inférieur de 189 000 t au niveau moyen des cinq dernières campagnes. La collecte a été ajustée à la baisse (- 47 000 t à 10,41 Mt) tout comme les livraisons vers l’UE (- 140 000 t à 3,93 Mt). Les autres utilisations (amidonnerie, semoulerie, éthanol, FAB), de même que les exportations vers les pays tiers, sont confirmées au même niveau que le mois dernier.

Confirmation des grandes tendances
La note Agreste du ministère de l’Agriculture sur l’état des cultures dans l’hexagone au 1er novembre, parue le 12 novembre, comporte quelques ajustements par rapport à la note d’octobre, sans en bouleverser les fondamentaux. Une petite surprise néanmoins avec un repli de 270 000 tonnes, des estimations de production de blé tendre qui passent de 39,75 Mt à 39,48 Mt ; soit tout de même un écart de + 16 % avec l’an dernier et de +11,8 % avec la dernière moyenne quinquennale. Cette révision est due à la surface PAC déclarée. Le recul du blé dur, imputable à la baisse des surfaces, est accentué, avec 1,55 Mt malgré un rendement record porté à 62,1 quintaux/hectare. Le repli de production demeure de l’ordre de 13 % sur l’an dernier et sur la moyenne quinquennale. La prévision de production d’orge confirme, en revanche, la forte progression de cette culture, avec 13,74 Mt, soit 17,4 % de mieux que la moyenne 2014/2018. La production de maïs grains est maintenue à 12,56 Mt (hors semence), un chiffre proche de celui de l’an dernier, mais de 10,3 % inférieur à la dernière moyenne quinquennale. La baisse de la production de colza est encore aggravée de 100 000 t, avec 3,43 Mt, soit un recul de plus de 30 % par rapport à 2018 et à la moyenne 2014/2018. Malgré une légère révision en baisse, à 873 000 t, la récolte de protéagineux s’affiche en hausse de 18 % sur 2018 et de 3 % sur la moyenne des 5 dernières années. La prévision de récolte de pomme de terre de conservation est portée de 6,4 à 6,5 Mt, soit une progression de 8,9 % sur 1 an et de 11,4 % sur les 5 dernières années, un record redevable tant à l’augmentation des surfaces que du rendement. La prévision de production de betteraves industrielles est un peu relevée, passant de 36,9 Mt, prévue en octobre à 37,2 Mt, soit néanmoins un retrait de près de 7 % en 1 an et de 3,3 % en 5 campagnes.