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La FNSEA et JA attendent les réponses d’Emmanuel Macron 

Mobilisation Deuxième temps fort de la mobilisation syndicale menée par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs cet automne, la journée du 22 octobre a vu 85 % des départements mener des actions pour interpeller le président de la République sur les multiples difficultés auxquelles le monde agricole est aujourd’hui confronté. Les syndicalistes de Gironde ont répondu présents.

Après la journée du 8 octobre, où plus de 10 000 agriculteurs avaient manifesté leur colère, 85 % des départements se sont mobilisés le 22 octobre à l’appel de la FNSEA et de JA. En Gironde, les responsables de la FDSEA et des JA 33 se sont rendus le mardi matin à l’hypermarché Carrefour de Bègles. Sous le regard attentif des vigiles et en présence des responsables du magasin, les agriculteurs sont allés à la rencontre des consommateurs pour leur parler des étiquettes…
En effet, la cible de leurs actions était l’étiquetage aux mentions floues sinon mensongères qu’apose la grande distribution sur les produits qu’elle met en marché. « Attention, on n’est pas là pour critiquer l’enseigne Carrefour, ils mettent aussi parfois en avant nos produits, mais nous voulons dénoncer le manque d’exigences de la part du Gouvernement en la matière », explique Guillaume Grandeau, viticulteur et éleveur, secrétaire général des JA 33.

Opacité
Preuve à l’appui. Armés d’autocollants verts « Je sais d’où ça vient » et rouges « je ne sais pas d’où ça vient », les syndicalistes ont fait le tri entre les bons et les mauvais élèves des marques de produits alimentaires. Et ils ont découvert des pépites, tel ce quinoa fabriqué en Provence mais produit en Bolivie, ce steak à la fibre de bambou ou ce plat cuisiné à base de poulet dont on ne connaît pas l’origine. Bonjour la traçabilité. Avec pédagogie, les agriculteurs rendent compte de leurs trouvailles aux consommateurs. « On vous prend vraiment pour des pigeons, tout est fait pour que vous ne sachiez pas ce que vous mangez vraiment », explique Patrick Vasseur (FDSEA) à cette dame qui pousse son caddie dans le rayon. « Si les politiques voulaient vraiment faire la transparence sur ces pratiques, ils la feraient », souffle Bernard Gachot, de Cussac. Bien qu’à la retraite, il est venu soutenir ses collègues de la FDSEA. « Quand on pense aux exigences qui pèsent sur nous, qu’on nous matraque et, malgré les efforts des agriculteurs pour produire sain et de qualité, c’est l’opacité dans les pratiques de l’agroalimentaire, ça fait mal au cœur », concède Denis Chaignaud, également retraité de l’agriculture venu de Cussac.
Pour montrer que « ce n’est pas ça l’agriculture », la FDSEA et les JA ont poursuivi leurs actions sur un mode convivial en organisant sur les quais de Bordeaux une dégustation des produits de Gironde. Une façon comme une autre de tenter de s’allier les bonnes grâces du consommateur, aussi victime que l’agriculteur de l’opacité organisée des marques et de leurs étiquetages confus car, disent-ils, « il faut dire comment on travaille et sortir de l’engrenage de l’agribashing. »

Agribashing
L’agribashing et ses formes de plus en plus violentes, comme les intrusions et agressions sur les exploitations, ne sont pas de nature à remonter le moral des agriculteurs. L’aspect économique, un an après la promulgation de la loi Egalim, est également un sujet que les agriculteurs ont voulu mettre sur le devant de la scène partout en France le 22 octobre. « Nous demandons à Didier Guillaume de réunir les quatre centrales d’achats de la grande distribution », insiste Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Le ministre de l’Agriculture avait lui-même déclaré la veille, en sortie de conseil des ministres, que « le compte n’y est pas » en matière de retour de la valeur au producteur. Or, « sans revenu, pas de progrès », souligne Christiane Lambert. Surtout quand, en parallèle, l’Union européenne souhaite mettre en place des accords de libre-échange qui mettent en concurrence l’agriculture française avec l’agriculture de pays où les normes sont moins strictes.
Les agriculteurs veulent donc continuer à alerter les consommateurs sur le manque de transparence quant à l’origine des produits. « Sur l’étiquetage, les actions vont continuer dans les semaines à venir, nous voulons forcer le gouvernement à prendre des mesures en ce sens », précise Arnaud Gaillot, secrétaire général de JA. La mobilisation générale devrait se poursuivre, les deux organisations devant préciser les modalités d’actions après la réunion de leur commission syndicale début novembre. « A l’heure actuelle, il n’est plus possible d’avoir un débat raisonnable, ce n’est pas normal que dans un pays comme le nôtre, en 2020, des gens puissent entrer dans les fermes et agresser des agriculteurs dans les champs. Nous voulons que la confiance soit réaffirmée envers les agriculteurs de ce pays, qui ont l’agriculture la plus durable, on a besoin que les gens nous écoutent et reprennent confiance », résume Arnaud Gaillot.

Nelly Fray et Actuagri

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Un mot d’ordre : « Macron, réponds-nous »

Et après ? Les agriculteurs de la FNSEA et des JA veulent rencontrer le Président de la République pour qu’il s’implique dans la défense des agriculteurs.

Partout en France, aux cris de « Macron, réponds-nous », les agriculteurs ont réaffirmé, par des actions diverses - bâchage des préfectures, inscriptions dans les champs, présence dans les grandes surfaces...- leur besoin de confiance de la part du gouvernement et des citoyens. Sans réponse à leur demande de rencontrer le président de la République pour évoquer un certain nombre de sujets, notamment leurs propositions dans le cadre du Pacte productif, la FNSEA et JA souhaitent, a minima, une prise de parole d’Emmanuel Macron pour défendre les agriculteurs face à un agribashing devenu permanent. « Le président de la République ne peut pas rester sourd à notre colère », explique Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. « Le moral des agriculteurs est vraiment en berne, poursuit-elle, face au dénigrement, aux critiques, aux émissions toujours à charge. Tout le monde a un avis sur l’agriculture, tout le monde a pu contribuer à la consultation sur les phytosanitaires, mais est-ce qu’il y a eu une consultation sur le passage de 90 à 80 km/h ? Pourtant c’est aussi un enjeu de sécurité publique ! » regrette-t-elle en dénonçant une instrumentalisation politique de ces sujets qui ont beaucoup d’écho dans l’opinion publique. Ce qu’illustre, d’ailleurs, la question des ZNT et des arrêtés opportunément pris par certains maires sans même consulter leur conseil municipal, à quelques mois des élections municipales.