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Lentement mais sûrement

Gironde La viticulture bio gagne encore du terrain et le profil des viticulteurs qui se lancent dans l'aventure évolue. Retour d'expériences en Gironde.

Le bio a le vent en poupe, on l'a vu durant le confinement. Les Français ont choisi ce type de produits pour se rassurer. Aujourd'hui, la viticulture aussi est définitivement lancée dans le bio, loin des images d'Épinal du siècle dernier. Agreste Nouvelle-Aquitaine, dans sa note de mai 2020, souligne d'ailleurs le dynamisme de ce mode de production qui gagne toujours plus de terrain. En effet, en 2018, avec 10 800 hectares de vigne, la Gironde est le premier département viticole bio de France devant l’Hérault, le Vaucluse et le Gard (10 000 ha chacun). La viticulture bio s’étend en France sur plus de 94 000 hectares valorisés par 6 700 viticulteurs. Avec 16 % des surfaces et des effectifs, la Nouvelle- Aquitaine rassemble 1 028 détenteurs de vigne certifiés bio ou en conversion pour 16 200 hectares de vigne ce qui en fait la troisième région viticole bio de France. Et cela augmente tous les jours.

Plus de surfaces et d'appellations
Selon Sylvain Fries, conseiller viticole de l'Agence bio Nouvelle-Aquitaine, « on constate, depuis deux ans, une progression assez évidente. » Et de souligner le changement du profil des convertis. « Avant, il y avait beaucoup de petites structures qui passaient au bio, surtout en Entre-deux-Mers. Cela semblait plus facile à faire sur de petites surfaces et le bio permettait une meilleure valorisation du vin. Aujourd'hui on observe l'arrivée de châteaux plus grands en surface et de plus grandes notoriété en ce qui concerne les appellations. Des producteurs de Saint-Émilion, de Moulis, de Margaux nous contactent pour passer en bio. » Pour le conseiller, c'est le résultat d'un cheminement entamé il y a plusieurs années.
C'est le cas, par exemple, de Coraline et Victor Moreaud, qui ont repris l'exploitation familiale de 25 hectares à Saint-Émilion, le château Cormeil-Figeac. « Avec ma sœur, nous avons entamé notre conversion en 2018. » explique Victor, co-gérant de l'exploitation. « Mais nous étions déjà très impliqués avant dans la protection de l'environnement. Nous étions engagés dans le Système de Management Environnemental du Vin de Bordeaux (SME). L'exploitation est certifiée ISO 14001 et Haute valeur environnementale (HVE) depuis 2016. »

Réflexion et échanges
Pour Victor Moreaud, qui se charge de la partie technique, il faut surtout prendre son temps et ne pas se lancer en conversion sans réfléchir. « notre exploitation appartient au réseau des Ferme Dephy, c'est très important de partager autour de ces nouvelles pratiques. Il faut aussi y aller doucement pour ne pas perdre de rentabilité. » En effet, lorsqu'on passe aux couverts végétaux par exemple, il faut un temps d'adaptation de la vigne qui peut faire baisser les rendements si l'on s'y prend mal. Une technicité qui ne s'improvise pas. Cécile et Thierry Taffin, exploitants du château L'Insoumise, 25 hectares en bordeaux et bordeaux supérieur, à Saint-André-de-Cubzac et en conversion depuis 2019 sont sur la même longueur d'onde. « Cela fait cinq ans qu'on y réfléchit. On a testé du matériel, fait des essais un rang sur deux pour le travail sous le rang pour éviter les baisses de rendements. » Ils apprécient aussi les conseils techniques de la Chambre d'agriculture et les échanges au sein du groupe des 30 000.
Cette maturité technique leur permet d'absorber le surcoût en matériel et en temps passé au vignoble (de l'ordre de 10 à 15 %). Et cela « reste tout à fait gérable » selon les convertis qui, malgré une pression très forte en mildiou s'en sortent bien cette année.
Quant à la commercialisation, il faut comprendre que la bio est « un investissement à long terme » comme le souligne Victor Moreaud. En ces temps de crise, le vin bio ne se vend pas mieux, il se vend.
M. R.

carteagreste

La viticulture bio en Nouvelle-Aquitaine : un dynamisme à tous les stades de la filière

Analyse De la vigne au verre, en Nouvelle-Aquitaine, la viticulture biologique ne cesse de gagner du terrain. Agreste, dans sa note de mai 2018 montre cette vitalité portée par 1 028 viticulteurs valorisant 16 200 hectares de vigne. Les surfaces ont été multipliées par quatre en dix ans.

En 2018, la viticulture bio s’étend en France sur plus de 94 000 ha valorisés par 6 700 viticulteurs. Avec 16 % des surfaces et des effectifs, la Nouvelle- Aquitaine rassemble 1 028 détenteurs de vigne certifiés bio ou en conversion pour 16 200 ha de vigne. Elle se positionne à la troisième place des régions viticoles bio derrière Occitanie (2 138 exploitations pour 34 827 ha de vigne) et PACA (1 113 exploitations pour 20 635 ha de vigne). Avec 10 800 ha de vigne, la Gironde demeure le premier département viticole bio de France devant l’Hérault, le Vaucluse et le Gard (10 000 ha chacun). La Dordogne apparaît en onzième position, le Lot-et-Garonne à la dix-huitième place.
En 2018, 7,5 % du vignoble régional (contre 14 % France entière) est conduit en mode biologique. Le bio occupe 7,5 % du vignoble landais, 10 % de celui de Gironde, 15 % des vignes du Lot-et- Garonne ou des Pyrénées-Atlantiques.

Progression accompagnée
La progression de 4 000 ha en 2008 à plus de 16 000 ha en 2018 ne résulte pas d’une croissance linéaire. La progression entre 2008 et 2011 liée à la mise en place des encouragements financiers et le fort engouement enregistré en 2017-2018, à la veille du plan ambition bio 2022, contrastent avec la relative stabilité notée entre 2012 et 2016.

De nouveaux territoires viticoles bio émergent
Pionnière dans l’Entre-deux-Mers avant 2000, puis gagnant progressivement les appellations de la rive droite de la Gironde entre 2000 et 2010, la viticulture bio concerne aujourd’hui la plupart des appellations girondines. En 2018, suite à la conversion de grands domaines, tant en surface qu’en notoriété, la rive gauche enregistre une croissance notable au sein des appellations que sont Margaux, Pauillac, Listrac, Moulis, Pessac-Léognan, Sauternes.
La Dordogne compte 2 400 ha de vigne bio, recensés dans une soixantaine de communes. La moitié du vignoble bio se concentre dans cinq d’entre elles, localisées autour de Saussignac et de Monbazillac.
De Duras à Irouléguy, la présence du vignoble bio est marquée du Lot-et- Garonne (1 000 ha) aux Pyrénées- Atlantiques (370 ha) en passant par les Landes (120 ha). Ce sont des vignobles où la coopération joue un rôle prépondérant.
Moins présente dans les deux Charentes (1 200 ha), la viticulture bio se distingue toutefois sur les îles de Ré et d’Oléron. Ces dernières rassemblent à elles seules près de la moitié des surfaces engagées de Charente-Maritime.
Au nord de la région, la viticulture bio fait une percée notable dans le vignoble de Vienne (263 ha). En Corrèze, les surfaces en bio accompagnent la renaissance et la reconnaissance du vignoble.

Un engagement quasi total
En 2018, la surface agricole totale valorisée par les détenteurs de vigne bio avoisine les 30 000 ha dont plus de 29 500 ha certifiés ou en conversion, toutes cultures confondues. La mixité des productions bio et non bio concerne moins d’une exploitation sur dix, principalement le fait d’unités en cours de conversion.
Pour les détenteurs de vigne bio, en 2018, la vigne occupe en moyenne 55 % des surfaces agricoles bio tous assolements confondus. Elle devance les surfaces en herbe ou en fourrages (23 %), les céréales oléagineux protéagineux (12 %), les cultures fruitières ou légumières (4 %) et autres cultures. Par rapport à la SAU bio des exploitations concernées, la présence de la vigne s’impose en Gironde, demeure majoritaire en Dordogne, Pyrénées-Atlantiques et Charente- Maritime, mais occupe une place moindre ailleurs.
Source Agreste