Prix du vin : le discours et la méthode

Publié le: 18-03-2021

Distribution En ces temps de crise, les prix se suivent et se ressemblent. C’est ainsi qu’on retrouve des bordeaux à 1,69 euros la bouteille chez Lidl… Un état de fait que déplorent de nombreux acteurs de la filière viticole girondine. Une action est programmée par la FNSEA33 et les JA33 le samedi 20 mars, à 9 heures, à Libourne.

L’enseigne allemande Lidl a créé la polémique en vendant la bouteille Terres d’Exception 2019 en AOP au prix d’1,69 euros pour l’achat d’un carton de six bouteilles, c’est-à-dire bien moins cher que le prix à l’unité de 2,53 euros. Cet écart de 0,84 centimes d’euros a beaucoup de mal à passer pour les viticulteurs bordelais. Cédric Roureau, président du Syndicat des courtiers de vins et spiritueux de Bordeaux, de la Gironde et du Sud-Ouest a clairement qualifié cette “promotion” de « prix insultant ». « Pour sortir à 1,69 euros, l'achat de vin a dû se faire à un niveau extrêmement bas. Ce qui ne rend service à personne d'avoir des bordeaux à ce prix (…) le bordeaux doit faire rêver et pas devenir un produit d'appel mettant en avant un côté alimentaire », a-t-il indiqué à Vitisphère. L’enseigne, par l’intermédiaire du responsable du pôle liquides de Lidl France, s’est défendue de tout « Bordeaux bashing » expliquant que « ces prix sont appliqués par l’achat de volumes conséquents, plusieurs centaines de milliers de colis pour la France et d’autres marchés ».
Rappelons que l’enseigne avait lancé, fin février, « une nouvelle démarche de soutien aux éleveurs et producteurs français ». Entre le 3 et le 9 mars, elle a prélevé 0,05 euro « sur chaque produit vendu de la marque de distributeur “Saveur de nos régions” pour soutenir un fond de solidarité à destination du monde agricole ». La Foire aux vins de printemps a débuté chez Lidl le 10 mars. Coïncidence ou double langage ?

Allo patron !? On est mal !
« Depuis deux ans la viticulture bordelaise a perdu des marchés importants. Conflit Airbus-Boeing, crise sanitaire Covid… Les raisons de la mévente ne manquent pas. À cela s’ajoutent des exigences qualitatives et sociétales toujours en hausse.
Tandis que la santé économique des exploitations se dégrade chaque jour un peu plus, certains profiteurs de guerre font aujourd’hui des coups commerciaux en affichant des promos de vins de Bordeaux à 1,69 euros la bouteille.
Les agriculteurs girondins ne peuvent pas laisser passer ça !
Avec des bouteilles vendues au consommateur à moins de 2 euros, nous sommes sûrs que

• le producteur ne couvre pas ses coûts de production,

• l’image des Bordeaux s’en trouve dégradée,

• des emplois vont disparaître,

• les investissements nécessaires à la transition écologique ne peuvent être financés.

Nous le réaffirmons : la politique des prix bas que continue de promouvoir la grande distribution, avec la complicité de certains négociants, est destructrice et incompatible avec les objectifs sociaux et environnementaux de notre pays.
C’est dans ce contexte que nos syndicats entendent rappeler à la grande distribution leur rôle dans cette crise et les leviers d’action possibles. » 
FNSEA et Jeunes Agriculteurs de Gironde donnent rendez-vous à tous ceux qui veulent participer à leur action samedi 20 mars, à 9 heures, sur le parking du Lidl de Libourne pour « interpeller les consommateurs et la grandes distribution » .