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Sécheresse : des « projets de territoire » insuffisants selon les OPA

Publié le: 28-09-2018

Eau Le gouvernement a présenté ses orientations pour lutter contre la sécheresse et les effets du changement climatique. Un projet insuffisant selon les organisations professionnelles agricoles (OPA) qui en attendaient plus dans un contexte de plus en plus difficile.

Le 25 septembre, le gouvernement a dévoilé les conclusions de la cellule d'expertise mise en place pour la gestion de la ressource en eau. Cette cellule d'expertise a été mise en place pour étudier les difficultés rencontrées dans la gestion de la ressource en eau en agriculture et les projets de territoire pouvant être accompagnés par les agences de l’eau. Sous l’autorité du préfet Pierre-Etienne Bisch, et avec l’appui de deux experts de France Nature Environnement, de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture et des inspections générales des ministères, la cellule a mené ses travaux d’octobre 2017 à juin 2018.
Le rapport remis aux ministres et rendu public le 25 septembre « souligne l’apport de la démarche « projet de territoire » comme outil de médiation sur les économies et la gestion partagée de l’eau. »
Ces projets seront mis en œuvre dès janvier 2019. Un « guide méthodologique », un calcul des « volumes prélevables » par bassin et un centre de ressources devraient voir le jour en même temps.
A l'automne 2019, « la seconde phase des Assises de l’eau confortera la démarche de concertation pour aider les territoires à être plus résilients au changement climatique, notamment sur la gestion qualitative et quantitative des ressources en eau. »

Déception
Plusieurs organisations professionnelles agricoles (FNSEA, JA, APCA, Irrigants de France et Coop de France) ont affiché leur déception dans un communiqué commun, au lendemain de l’annonce gouvernementale d’un coup de pouce aux projets de territoire autour de la gestion de l’eau. « Nous attendions une véritable ambition pour l'agriculture française, en lui permettant de s'adapter au changement climatique. Nous en sommes très loin », taclent les organisations dans un communiqué dénonçant l’« immobilisme » des projets de territoire. Les nouveaux critères demandés par la cellule d’expertise eau vont « encore ralentir les procédures », selon elles. Les organisations attendent de la seconde phase des Assises de l'eau « une relance de la politique de mobilisation des ressources en France. Il y a urgence à agir. »

De plus en plus difficile
Le 5 septembre, Claude Cochonneau, président de l’APCA, lors de la conférence de rentrée des Chambres d’agriculture, prévenait : « c’est une année qui justifie encore plus de mettre tout en œuvre pour permettre aux agriculteurs de faire des réserves d’eau ». La question du stockage de l’eau est en effet cruciale pour les agriculteurs, qui ne comprennent pas le retard pris par la France dans ce domaine, quand l’Espagne a par exemple multiplié par dix ses capacités de stockage depuis 40 ans. Sur 100 millions d’euros versés chaque année pour indemniser les calamités agricoles liées à la sécheresse, « 80 % sont pour les producteurs d’herbe et les éleveurs, qui doivent aujourd’hui acheter du fourrage en Espagne », précisait André Bernard, vice-président de l’APCA. « On n’utilise que 3,5 % de l’eau tombée, et seulement 1,7 % pour l’agriculture », ajoutait-il. Cependant, le secteur agricole n’est pas prioritaire dans la loi française en matière de gestion de l’eau, ce qui explique de nombreux blocages et les recours qui cassent les projets. « C’est normal que la priorité soit accordée à l’eau potable et aux milieux, mais nous on veut stocker l’eau l’hiver pour l’agriculture », insistait Luc Servant, membre du bureau de l’APCA, qui fustigeait également la désinformation existant sur le sujet : « dans la tête du citoyen, le stockage de l’eau est associé à la production intensive », alors qu’il s’agit d’assurer la sécurité de beaucoup de productions.