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Trouver des solutions face au changement climatique

Publié le: 16-01-2019

Prospective Le 17 janvier, la Chambre régionale d'agriculture, la région Nouvelle-Aquitaine et le Comité scientifique régional Acclimaterra organisent un colloque sur le thème « Comment adapter l'agriculture de Nouvelle-Aquitaine au changement climatique ? ».

Le changement climatique est une réalité. Et les nombreux épisodes météorologiques extrêmes qui se sont succédés en Gironde le prouvent. Pour s'adapter à ce changement, le Conseil régional a jugé utile de faire plancher sur le sujet des spécialistes. Hervé Le Treut, climatologue de renom membre du GIEC et de l’Académie des Sciences a dirigé ces travaux dès 2013, avec le rapport « Prévoir pour agir, les impacts du changement climatique en Aquitaine ». En 2016-2017, plus de 240 chercheurs ont travaillé à un deuxième tome, élargi à la fois à davantage de thématiques et à l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Aquitaine : « Anticiper les changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine - Pour agir dans les territoires ». Il sera présenté, le 17 janvier, lors d'un colloque plus particulièrement dédié à l'agriculture.

L'agriculture au cœur
L'agriculture, en effet, fait évoluer ses pratiques pour faire face au changement climatique. La Nouvelle-Aquitaine est la première région agricole d'Europe. Et elle « veut garder sa place en accélérant cette évolution par des expérimentations, de nouvelles pratiques, de nouveaux outils… » soulignent Chambre régionale d'agriculture, région Nouvelle-Aquitaine et Comité scientifique régional Acclimaterra, initiateurs du colloque « Comment adapter l'agriculture de Nouvelle-Aquitaine au changement climatique ? ».

Les effets du changement climatique
Selon les auteurs du rapport, « certains effets du changement climatique toucheront l’ensemble du secteur, alors que d’autres sont spécifiques à certaines filières. L’aléa érosif pourrait être accru du fait de l’augmentation des pluies hivernales, en particulier si les pluies de forte intensité deviennent plus fréquentes. La fertilité des sols pourrait être affectée via les impacts du changement climatique sur les cycles biogéochimiques du carbone, de l’azote et du phosphore. Du fait de l’augmentation des risques de sécheresse estivale, on peut s’attendre à une raréfaction de la disponibilité en eau en été alors que le rendement des cultures dépend largement de ce facteur. Le changement climatique va modifier probablement la biodiversité associée aux écosystèmes agricoles et, dans ces conditions, il existe une incertitude croissante sur la possibilité de maîtriser facilement l’ensemble des ravageurs et des maladies des cultures. Pour les productions végétales, un des impacts majeurs de l’élévation des températures sera la précocité accrue et le raccourcissement des cycles. Ainsi les vendanges pourraient avoir lieu 30 à 40 jours plus tôt qu’à la fin du XXe siècle. »

Solutions agronomiques
Mais les scientifiques restent confiants « d’ici à 2050, si les modifications du climat restent dans la limite des simulations produites par le GIEC, l’ampleur et les impacts du changement climatique sur les productions agricoles seront donc significatifs et souvent pénalisants mais resteront dans la plupart des cas dans les limites pour lesquelles des leviers techniques d’adaptation existent. D’un point de vue agronomique, trois grands modes d’adaptation pourront être mobilisés et combinés. Le premier, et potentiellement le plus déterminant, est celui du choix d’espèces, de variétés, de races mieux adaptées et plus résilientes face aux nouvelles conditions climatiques. La précocité, la durée du cycle, l’adaptation à la sécheresse, la moindre sensibilité aux stress thermiques, la résistance aux maladies seront les caractères à privilégier. L’association d’espèces et de variétés, comme par exemple au sein des prairies avec des mélanges céréales-légumineuses, ou via les techniques d’agroforesterie, s’avère potentiellement prometteuse. En vigne, de nouveaux cépages et porte-greffe sont à envisager. La culture du sorgho, plus résistant à la sécheresse, pourrait supplanter celle du maïs en zone à faible disponibilité en eau. A ce levier génétique peut être associée une adaptation des techniques de culture et d’élevage : avancée des dates de semis, décalage des récoltes, évolution des méthodes de vinification, réduction du travail du sol et mulch pour économiser l’eau, densité de plantation et conduite des vergers, allongement de la période de pâturage, modification de la composition des rations alimentaires et climatisation des bâtiments d’élevage. »
Des réflexions qui seront approfondies, lors de cette journée d'échanges, sur les enjeux propres à la Nouvelle-Aquitaine, notamment ceux liés à l'eau et à son usage, en présence de chercheurs et d'acteurs agricoles.