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Bernard Farges (Vice-Président du CIVB), Hervé Grandeau (président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux), Bernard Artigue (président de la Chambre d'agriculture Gironde), Bernard Solans (Vice-Président de la Chambre d'agriculture Gironde)

Gel 2017 : l'heure à la mobilisation et à la solidarité

Publié le: 11-05-2017

GEL Suite aux épisodes de gel dévastateurs des 20, 21, 27 et 28 avril, une réunion de crise s’est tenue le 5 mai à la Chambre d’Agriculture de la Gironde à Bordeaux.

Tous les acteurs et les décideurs de la filière étaient présents autour du Préfet de Région et de département Pierre Dartout et du président de la Chambre d'agriculture Bernard Artigue : services de l’Etat, collectivités territoriales, association des maires, CIVB, Fédération des Grands Vins, Syndicats viticoles, Syndicats agricoles (FDSEA, Confédération paysanne, Coordination rurale et les Jeunes Agriculteurs), MSA, Groupama, Crédit Agricole et les autres établissements bancaires... Ils ont pu dresser un premier bilan et appréhender les mesures envisageables pour venir en aide aux viticulteurs et agriculteurs.
 

Premières estimations

A l'issue de cette réunion, s'est tenue une conférence de presse réunissant Bernard Artigue, Bernard Solans, Hervé Grandeau (président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux) et Bernard Farges (vice président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux). Ils se sont exprimés sur la situation qui a touché dans les secteurs de l'agriculture départementale : plus de 10 000 ha de céréales à paille impactées, 10 000 ha de maïs gelés (dans les secteurs sables des Landes, Blayais, Bazadais, Double, Dropt), 1 000 ha de pommes de terre, 200 ha de petits pois de conserve avec une perte de 50 à 100 % des fleurs selon les parcelles, 200 ha de haricots verts, 55 ha d'asperges, et plus de 200 ha de vergers pommiers, kiwis, pruniers, noisetiers, noyers.

Pour la viticulture, les dégâts concernent entre 50 et 60 % des surfaces, à des degrés variables cependant. Dans le Médoc, les grande surfaces au sein des zones intérieures ont été impactées jusqu'à 80 voire 100 %.

Dans le Blayais, Bourgeais, Nord-Gironde, toute la zone a été touchée à plus de 50 %, comme dans le Libournais (vallée de Dordogne, le Nord Libournais, les parties basses de St Emilion, des satellites et du Fronsardais).

Dans l'Entre-Deux-Mers, si les plateaux et les côtes semblent avoir été épargnés, le vignoble a été impacté à plus de 50 %, avec des situations très hétérogènes à l'échelle d'une même commune, et une même d'une exploitation.

Pessac Léognan, Graves, et Sauternes sont aussi très fortement sinistrés.

De plus, les vignes-mères de porte greffes et les jeunes plantations de 2017 ont pris de plein fouet le gel de cette fin avril.

 

Des interrogations techniques et économiques

Il s'agit désormais de « rassembler nos forces », tempête Bernard Artigue. « Cette situation est un coup de poignard, il faut maintenant compter sur une implication de tous » pour tenter de se relever au mieux de cette situation. Car en effet même si l'impact du gel est visible et immédiat sur le vignoble, la perte va surtout se faire sentir sur le végétatif de l'an prochain, mais également sur le terrain économique de l'année 2018. Il semble pour l'instant difficile de chiffrer avec exactitude les dégâts, les déclarations de récoltes donneront les chiffres exacts : « On ne peut qu'être approximatifs aujourd'hui, sur les dégâts causés par le gel jusqu'à cet instant. Nous pourrons affiner les chiffres dans les trois semaines à venir. » Pour l'instant, on estime que la moitié de la production est dommageable : « Une récolte moyenne est de 5,4 millions environ, là, elle devrait être de 2,5 à 2,7 millions. » Certains peuvent aussi compter sur les VCI (Volume Complémentaire Individuel), un dispositif qui, pour Hervé Grandeau, est « un remède pour demain, à optimiser ». Grâce aux VCI, on pourrait aller, sur une récolte moyenne, jusqu'à 370 000 hectolitres cette année.

« Il y a un accompagnement important à faire sur le plan technique », avoue Bernard Solans. Ce sinistre est pour lui tout aussi catastrophique que celui de 1991, et « risque d'impacter durement et durablement le système rural et environnemental ». Il s'agit donc d'encourager les viticulteurs à faire les traitements nécessaires et de s'occuper de leurs vignes afin d'assurer les récoltes à venir.

« C'est aussi toute l'économie du département et de la Région qui est touchée ! », précise Bernard Farges. « Cela va être difficile pour les viticulteurs, mais aussi pour tous les métiers qui gravitent autour ».

Pour lui, les aides sont dérisoires, insuffisantes, mais souvent efficaces. Il voit « la nécessité d'améliorer le système des assurandestiels, afin d'éviter une situation insurmontable pour 2018 ».

Et Hervé Grandeau de souligner : « Aujourd'hui, nous ne sommes que 15 à 20 % à être assurés (multirisques, gel), mais plus nous serons de viticulteurs assurés, meilleure sera l'assurance ! ». Des mesures existantes seront donc activées (aides du Conseil Régional et du Conseil Départemental, recours au RSA, chômage partiel, fond d'allègement des charges, report ou prise en charges des cotisations sociales...), mais ne vont pas substituer au manque à gagner et « l’État ne va pas aider davantage, il est donc indispensable de fédérer les énergies, de connecter les plus de gens et d'outils possibles ».

 

Les mesures à activer

Dans le cas présent, différents dispositifs sont mobilisables.

·          Les assurances : multirisques et gel. Même si la plupart des agriculteurs n’est pas assurée pour les sinistres climatiques, l’assurance reste le principal moyen de se prémunir de lourdes conséquences pour les exploitations,

·         La procédure des calamités agricoles pour les cultures non assurables et les pertes de fonds,

·         Les mesures fiscales : fiscalité des indemnités d’assurance, dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti, mobilisation de la Déduction Pour Aléas (DPA),

·         Les cotisations sociales : report de cotisations, prises en charge de cotisations,

·         La main d’œuvre : mise en place du chômage partiel,

·         Les Fonds d’Aménagement des Charges (FAC) : prise en charge d’intérêts des prêts,

·         Autres mesures financières : prêts de trésorerie, report d’annuités, aménagement de l’endettement,

·         Autorisations d’achat de vendanges,

·         Conventions de Mise à Dispositions (CMD) de parcelles de vigne entre viticulteurs,

·         Mobilisation du Volume Complémentaire Individuel (VCI) pour compenser une partie de la perte de récolte,

·         Restructuration du vignoble : possibilité de reporter d’une année les plantations initialement prévues,

·         Aides du Conseil Régional et du Conseil Départemental.