La politique publique de l’alimentation présentée le 7 octobre vise à « mettre en cohérence la richesse de la France en matière d’alimentation, de gastronomie, d’agriculture, avec le concept du repas à la française » explique Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. Derrière ce « concept » inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco se cache une idée simple : la promotion d’une alimentation diversifiée, locale, de qualité et surtout « accessible à tous ». Pour réaliser cet objectif, la politique publique de l’alimentation s’appuie sur quatre priorités. Tout d’abord, la justice sociale, avec la volonté de proposer à tous des aliments d'une meilleure qualité nutritionnelle, grâce à des accords collectifs comme le Pacte qualité ingrédients. L’éducation, ensuite, « qui modifie les comportements de la manière la plus durable », souligne le ministre, convaincu. Il s’agit ici de promouvoir la diversité des produits en milieu scolaire, en optimisant par exemple le programme européen « un fruit pour la récré », qui subventionne à 76 % les distributions de fruits dans les écoles participantes et dont les fonds ne sont pas entièrement utilisés. L’initiative permet en outre de soutenir la filière fruits et légumes française qui actuellement ne se porte pas au mieux. Les métiers de la restauration collective seront également mis en avant, entre autres grâce à une formation dédiée mise en place par l’enseignement agricole. Troisième axe, la lutte contre le gaspillage, en sensibilisant les consommateurs à cet « engagement citoyen », mais aussi utilisant « ce qui n’est pas mis en marché », grâce aux associations.
Ancrage territorial
La quatrième priorité repose sur la territorialisation des approvisionnements, pour répondre à l’objectif fixé par le Président de la République de 40 % de produits de proximité dans la restauration collective. Stéphane Le Foll souhaite ici promouvoir les initiatives locales, telles que les plateformes qui connectent la demande locale avec l’offre locale (Agrilocal, par exemple). Le ministre a d’ailleurs lancé, à l’occasion de cette présentation, un appel à projet de 600 000 € pour « faire remonter du terrain » des initiatives qui méritent d’être valorisées à plus grande échelle. Le grand chantier d’action reste ici la valorisation des productions locales dans la restauration collective, qui touche 10 millions de personnes par jour et constitue « un enjeu pour la production agricole aujourd’hui », explique Stéphane Le Foll. Alors qu’actuellement la majorité des produits proposés dans les cantines sont importés, le ministère travaille à l’écriture d’un guide qui permettra à ceux qui passent les appels d’offres de ne pas centrer leur choix sur le critère du prix au détriment de l’origine locale des produits. « Les marchés publics ne doivent pas empêcher les achats locaux dans ce domaine », assure le ministre. La mise en œuvre de ce plan d’action met en collaboration plusieurs ministères : Education nationale, pour l’éducation à l’alimentation, ministère de la Justice, à travers des actions pour améliorer l’alimentation dans les prisons et la valorisation des métiers de l’alimentation dans les formations de réinsertion, ou encore ministère de la Santé avec la prise en compte de l’alimentation dans la loi santé publique à venir et un travail engagé dans les hôpitaux pour améliorer l’approvisionnement.