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Observatoire National des prix et des marges : des prix consommateurs stables mais des prix agricoles fluctuants en 2016

Publié le: 13-04-2017

ECONOMIE Le rapport 2016 de l'observatoire fait état de la stabilité des prix alimentaires à la consommation, à l'inverse des prix agricoles fluctuants.

Le seul véritable gagnant paraît donc être le consommateur, n'étant pas impacté par la variation des prix à la source, ce depuis 2013. A contrario, les producteurs semblent ne pas pouvoir couvrir leurs coûts de production.

Ces coûts de production, incluant la main d’œuvre familiale, ne sont donc pas couverts par les prix, mais de fait pas non plus par les aides, dans certaines filières.

La 6ème édition de ce rapport inclut désormais le secteur de la restauration dans le calcul de l'euro alimentaire, éclairant dès lors sur la répartition de la valeur ajoutée dans la chaîne alimentaire : « seulement 6,2 euros de valeur ajoutée sur 100 reviennent à l'agriculteur ! » souligne l'APCA (Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture).

Le rapport précise que c'est la filière bovine qui apparaît comme la plus en difficulté, avec une situation économique qui se dégrade pour les élevages bovins lait et viande.

« Du fait de l’arrivée massive de vaches de réforme dans les abattoirs, le cours des gros bovins de boucherie s’est dégradé [...], et il apparaît que les élevages naisseurs-engraisseurs perdent 16 ct/kg vif, une perte deux fois plus élevée qu’en 2015. La marge brute des éleveurs laitiers connaît elle aussi une chute importante et descend à 105 €/1000 litres, contre 113€/1000 litres en 2015 », souligne les Chambres d'agriculture.

Le rapport atteste de la forte chute du lait à la production (-7,3%), ainsi que celle du blé tendre (-9,6%).

A l'inverse, du fait de la demande asiatique, le prix des produits porcins sont à la hausse (+3% / prix à la production du porc).

Le rapport témoigne également d'une diminution du prix des intrants depuis 2014 (-2,4 % en moyenne), lorsque les prix agricoles semblent rester relativement stables (+0,3%).

Le rapport spécifie également, en bref :

- une tendance des prix à la hausse dans le secteur des fruits et légumes, ce sur tous les maillons de la chaîne,

- l'industrie céréalière en difficulté en 2016,

- une rémunération insuffisante des éleveurs de volailles, bovins et laitiers. Pour cause, un prix payé bien inférieur à ce qui leur permettrait de couvrir leurs charges,

- une baisse des prix agricoles qui n'est toujours pas proportionnellement répercutée dans les prix que payent les consommateurs, alors que l'on peut discerner une nette amélioration des marges brutes de l'industrie et de la distribution, qui toutefois diminuent leurs prix de vente (particulièrement sur le lait).

Claude Cochonneau, Président des Chambres d'agriculture, précise :

«Dans le contexte actuel de 2ème année consécutive de crise, une véritable coopération doit émerger entre les différents acteurs des filières. Le jeu concurrentiel et/ou les relations conflictuelles perdurent entre les agriculteurs, le secteur industriel et la distribution, et continuent de causer un préjudice insoutenable pour les agriculteurs.»

Le syndicat des Jeunes Agriculteurs a également réagi aux résultats de ce rapport, en prônant l'organisation des producteurs et la contractualisation, et dénonçant la responsabilité des industriels et de la distribution dans les difficultés économiques vécues. Il s'agirait de «se regrouper pour peser davantage dans les négociations commerciales et défendre un prix juste est la seule issue pour survivre à cette guerre des prix».