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Les interceps au banc d'essai

Expérimentation Cinq équipements ont été testés en sortie d’hiver en 2015.

Pour limiter l'emploi d'herbicide, de nombreuses familles d'outils permettant le désherbage mécanique de la ligne de culture sont disponibles sur le marché. Certains sont polyvalents, d'autres dédiés à une seule et unique tâche.
La Chambre d'agriculture de la Gironde, en partenariat avec le Château de Couhins (domaine appartenant à l'INRA), a comparé différents équipements de désherbage mécanique polyvalents. C'est à dire pouvant recevoir plusieurs accessoires sur un même système d'effacement. La première étape consiste à utiliser ces équipements en version charrue décavaillonneuse. Une seconde phase sera consacrée aux versions lames interceps. La sélection des constructeurs s'est orientée vers des équipements majoritairement présents en Gironde. Cinq équipements ont été testés en sortie d’hiver en 2015.
Les matériels testés sont :
la gamme « Bio Matic », de Boisselet, spécialisé dans le domaine du désherbage mécanique en viticulture, disposant de plusieurs concepts d'interceps ;
le porte-outils interceps (LUV) de Braun ;
le porte-outil « Mini Sillon », d'Egretier ;
la charrue décavaillonneuse Decalex Air de Souslikoff ;
​les porte-outils interceps à système d’effacement mécanique (Decameca) et hydraulique (Decacep) de Vitiméca.

Intéressant en sortie d'hiver
L’emploi d’une charrue décavaillonneuse trouve principalement son intérêt lors d’interventions de sortie d’hiver. L’investissement dans ce genre d’équipement doit se raisonner en fonction de différents critères (nature des sols, itinéraire culturale souhaité, temps disponible pour l’entretien de la ligne de culture).
Les cinq équipements testés lors du banc d’essai ont donné satisfaction.
En ce qui concerne la capacité de travail sur différents terroirs, les différents matériels ont permis de réaliser des travaux de décavaillonnage en respectant l’intégrité des pieds. Sur sol compact, deux équipements ont montré leur limite. La version mécanique du porte-outils Mini Sillon (pression importante sur les pieds et le palissage, déclenchement intempestif du système de sécurité). La charrue Decalex Air a demandé une adaptation de différents éléments pour limiter la zone de sécurité autour des pieds trop importante.
Malgré l’optimisation des différents réglages, il s’avère que l’emploi d’un cure-ceps est indispensable sur l’ensemble des équipements. Il permet d’éliminer la zone de sécurité autour des pieds laissée par la charrue.
Concernant la qualité de déplacement de terres, les grands versoirs (Boisselet et Egretier) se sont montrés efficaces. Ils sont parfaitement adaptés aux labours traditionnels. Le modèle du constructeur médocain montre tout son potentiel lors d’intervention sur des buttages légers à moyens (≤ à 15 cm de hauteur).
Les modèles compacts (Boisselet Flurimatic et Braun) n’ont d’intérêt que pour des labours de saison sur des sols déjà travaillés en sortie d’hiver.

Débits de chantier similaires
Lors des différents tests, les débits de chantier permis par les équipements sont similaires pour trois des cinq constructeurs (Boisselet, Souslikoff et Vitiméca), compris entre 3 et 3,8 km/h. La charrue du constructeur allemand a présenté un débit de chantier inférieur (vitesse d’avancement moyenne de 2,8 km/h). Le Porte-outils Mini Sillon s’est démarqué du lot avec un débit de chantier nettement supérieur (4,5 Km/h).
Lors de la phase dite « à l’atelier », la commodité de manipulation des porte-outils munis de carré de fixation (45 x 45 chez Boisselet et 50 x 50 chez Braun et Vitiméca) a été appréciée.
En ce qui concerne la connectique des équipements, Les constructeurs Boisselet et Souslikoff se démarquent. Boisselet pour la simplicité des branchements hydrauliques (deux flexibles branchés en série). Souslikoff pour la commodité de raccordement du système pneumatique (chaque connecteur étant repéré par un code couleur).
Enfin, l’adaptation de cure-ceps est indispensable, elle peut être problématique sur certains tracteurs enjambeurs. Cette installation nécessite un espace suffisant (entre les deux charrues) afin que le cure-ceps situé au niveau de la charrue avant ne gêne pas le mouvement du palpeur ou l’effacement de la charrue située à l’arrière (accrochage entre le cure-ceps et la pointe du soc par exemple).

Loïc Pasdois, Chambre d'agriculture de la Gironde, tél.05 56 35 00 00, l.pasdois@gironde.chambagri.fr, Eric Castant, Château Couhins, INRA, couhins@bordeaux.inra.fr

 

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Les différents matériels

Essai Les propositions des constructeurs pour l'entretien du sol.

Pour la société Boisselet, c'est la gamme « Bio Matic », présente sur le domaine du Château Couhins, a servi de référence. La version Décavatic testée se compose du servo moteur de 315 cc, équipé du kit double ressort. Deux kits de décavaillonnage ont été utilisés. Une version classique « VL220 » dédiée au décavaillonnage dans les vignes à fortes densités. Les charrues étaient équipées de « socs tateurs » associées : soit à un versoir long (désherbage mécanique intégral) soit à un versoir court (conservation d’une band enherbée inter rang). Et une version compacte « Fleurimatic » développée pour des travaux de labours légers permettant le maintien d’un enherbement inter-rang.
Selon les techniciens, la gamme Bio Matic permet de faire évoluer ses pratiques culturales à moindre coût (investissement dans des accessoires et non un équipement complet). L’assistance hydraulique de l’effacement permet de réaliser des labours même sur des sols lourds ou compacts.
La gestion de la puissance hydraulique de l’interceps est aisée, mais il est regrettable de ne pouvoir gérer de manière dissociée la puissance lors de l’effacement et du retour au travail. En effet, il arrive fréquemment que l’on ne dispose pas de terroirs identiques sur une même parcelle et dans ces conditions la charrue manque de puissance ou est trop réactive.

Braun
Braun continue le développement de son porte-outils interceps (LUV). Aujourd’hui de nombreux accessoires sont adaptables grâce au développement d’un arbre court cannelé, transformant la lame interceps LUV en porte-outils polyvalent. Il peut désormais être équipé d’un soc décavaillonneur. La version décavaillonneuse testée est une présérie, en cours de validation.
Selon les techniciens,le porte-outil LUV a donné de bons résultats, même sur des sols compacts. L’association d’un cure-ceps semble indispensable afin de conserver une zone de sécurité autour du pied et limiter ainsi les risques d’accrochage. Ses limites ont été atteintes en présence d’un couvert végétal important (phénomène de bourrage lors de l’effacement) et sur des sols argileux humides (mauvais curage du versoir).

Egretier
Le constructeur Egretier a développé un porte-outil dont la conception novatrice lui confère un mouvement d’effacement atypique. En effet, par rapport à une charrue « traditionnelle », le porte-outil Mini Sillon dispose d’un point de pivot de l’ensemble soc-versoir situé au niveau de la partie arrière du versoir. Le sillon ainsi formé est rectiligne, les risques d’accrochage sont limités, la vitesse d’avancement peut être augmentée.
Deux versions sont disponibles : mécanique et hydraulique. Seule la première version a été testée, la seconde n’étant pas disponible au moment du banc d’essai. L’adaptation d’une épampreuse mécanique est en cours de développement.
Pour les techniciens, cette nouvelle génération de porte-outils interceps est intéressante. Sa conception lui confère un mouvement de déplacement atypique lors des phases d’effacement devant les pieds. Il en résulte une utilisation plus « sécurisante » pour l’utilisateur, un volume de terre déplacé sur une distance relativement constante, un débit de chantier augmenté par rapport aux précédentes versions. Malgré des réglages approximatifs, cette charrue donne de bons résultats en condition normale d’utilisation. Sur des sols compacts, il est nécessaire d’affiner certains réglages, comme le retour de l’outil au travail. La version décavaillonneuse, munie d’un soc et d’un grand versoir hélicoïdal, donne de bons résultats. La version lame sarcleuse n’a pas donnée satisfaction. Enfin, la conception ainsi que le positionnement du cure-ceps est optimale. Cet accessoire joue parfaitement son rôle en éliminant la terre laissée autour du pied.

Souslikoff
Constructeur girondin, Sousikoff propose depuis de nombreuses années une charrue décavaillonneuse mécanique simple de réglage et d’utilisation. Depuis 2008, une version à assistance pneumatique est disponible, elle conserve la même philosophie que la version mécanique (labour léger, simplicité d’utilisation) tout en offrant plus de polyvalence avec l’adaptation d’un col de cygne démontable. La charrue décavaillonneuse Decalex Air se compose de plusieurs éléments. Les charrues sont équipées d’un ensemble soc-versoir de 8 pouces et de cure-ceps.
Selon les techniciens, le remplacement du fluide hydraulique par de l’air comprimé est une alternative intéressante. La charrue Decalex air conserve les facilités de réglage et d’utilisation du modèle mécanique. Les charrues ont atteint leur limite sur des parcelles argileuses compactes.

Vitimeca
Autre acteur de la viticulture Girondine, la société Vitimeca propose de nombreux outils dédiés à l’entretien du sol en traction mécanique et animale. Le constructeur distribue des porte-outils interceps à système d’effacement mécanique (Decameca) et hydraulique (Decacep). La version testée est munie d’un système d’effacement hydraulique et d’un ensemble soc-versoir compact. De série, le constructeur propose un petit soc dédié au labour léger.
Selon les techniciens, cet équipement est de conception robuste, la présence de platines boulonnées rend cet outil adaptable sur de nombreux matériels et évolutif. La multitude de réglages disponible permet d’adapter au mieux le travail de l’outil aux différentes conditions de sol. Cet avantage peut rapidement devenir une limite lorsque le tractoriste ne maîtrise pas correctement les bases du réglage d’une charrue décavaillonneuse.